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Depuis plusieurs années Haïti est un des centres du paysage rhumier global. La raison est assez simple : Luca Gargano, l’emblématique patron de l’embouteilleur indépendant Velier, en a fait son nouveau terrain de jeu. De l’île, qui compte plus de 500 micro-distilleries, nous connaissons maintenant les clairins (appellation haïtienne du rhum), historiquement blancs, du Sajous au Rocher. Si la hype habituelle de Velier ne prend pas totalement sur les clairins, l’arrivée des premiers vieux pourrait changer la donne. En effet, un vieux Sajous et ce clairin Communal Ansyen devaient être présentés au Whisky Live de cette année et font l’objet d’une belle curiosité des amateurs.
A propos de cette question du vieillissement des clairins, d’ailleurs, il y a quelques années, au détour d’un stand Velier du Rhumfest, nous questionnions Daniele Biondi sur d’éventuels clairins vieillis. Il nous avait répondu que cela était en étude mais que les résultats étaient pour l’instant peu concluant, les clairins perdant de leur typicité avec le vieillissement. Finalement, après plusieurs batchs de blancs et d’Ansyens, l’embouteilleur italien sort, dans sa mythique bouteille noire « Caronesque », un vieux Sajous de 4 ans. Pas de bouteille noire pour le Communal, mais une belle peinture, et de bonnes critiques pour ceux qui avaient pu le goûter : nous avons craqué sur l’achat à l’aveugle de ces deux références qui nous intriguaient.

 

Pierre

 

Vieux Sajous

 

 

Degré alcoolique : 50,6%
Intégration de l’alcool : Parfaite
Particularité : issu d’un assemblage de 12 fûts, dont d’anciens fûts de single malt ou Caroni

 

 

Au nez l’alcool est, dans un premier temps, très présent et masque complètement les arômes. Il n’y a pas grand-chose à ressortir de ces premières minutes. Il lui faudra une bonne demi-heure pour s’ouvrir et nous offrir une gourmandise que l’on n’attendait plus. Une note saline nous accueille alors et nous emmène vers des notes plus gourmandes, pâtissières et vanillées. Le boisé est léger et s’accompagne de tabac blond.  Quelques notes médicinales (camphre) et végétal (canne) complètent le tableau.
En bouche on reste sur même profil, ou presque. Nous retrouvons toujours cette petite note saline qui précède encore les notes pâtissières avec une touche beurrée, légèrement fondue. Ensuite, des notes d’épices font leur apparition (badiane, clou de girofle). Le boisé est léger et très vanillé, une vanille qui s’étale sur la finale.

 

Un rhum classique, mais extrêmement séducteur. Attention, ceux qui espéraient trouver un ovni, façon Antigua, seront déçus, d’autant que la typicité des fûts utilisés ne se fait pas ressentir. On retrouve ici un rhum relativement peu complexe mais qui donne une furieuse envie de se resservir. La petite douceur du soir par excellence.
Notre note : 81

 

Le clairin Communal Ansyen

 

Degré alcoolique : 49,3%
Intégration de l’alcool : Très bonne
Nombre de bouteilles : 1800
Particularité : assemblage de quatre clairins traditionnels âgés de 18 à 24 mois (Sajous, Vaval, Casimir et Le Rocher) vieillis dans des fûts ayant contenu des rhums (Bielle, Caroni, Mount Gay…) et des whiskies (Benriach, Widow Jane, Buffalo Trace, Jack Daniel’s…) ; chacun non lancé individuellement.

 

 

Au nez, l’ouverture est végétale, sur la canne à sucre, mais également une note d’herbe fraîchement coupée. Vient ensuite une très belle note de miel, puis un côté presque Jamaïcain fait son apparition avec un côté chimique, limite caoutchouc. Après une bonne aération, l’abricot sec vient clôturer le bal. Le nez est très réussi.
En bouche, l’attaque est épicée, puis légèrement boisée. Arrivent juste après l’acidité qui prend la suite avec de l’olive, puis, en fin de bouche, un petit fruité discret vient clôturer le bal. C’est déroutant, et complexe, avec une acidité qui a pu être gênante sur certaines dégustations, et beaucoup moins sur d’autres.
La finale est relativement longue, sur le fruit tropical un peu passé (papaye ?) et le tabac.

 

Ce rhum est très paradoxal, puisqu’il ne faut pas, selon nous, l’aborder comme un « jeune vieux » agricole mais bien comme un hybride entre sa nature pur jus et son profil très « rum » apporté par une acidité jamaïcaine ou « pneu de dragster » comme le dit Serge Valentin. Un rhum au profil très particulier, qui peut s’avérer déroutant, mais très utile dans une collection déjà établie.
Pour être transparent, la première dégustation, à l’ouverture de la bouteille, nous avait fortement déplu (et c’est rare), mais la petite ouverture et la connaissance du profil ont permis de mieux juger ce rhum.

Notre note : 82

 

Conclusions générale

Deux rhums sympathiques, avec chacun une personnalité propre, et deux profils complémentaires. Avec des tarifs intéressants, 72€ et 53€ pour le Sajous et le Communal, ces deux bouteilles trouvent leur place dans nos bars, et pourront satisfaire tous les amateurs : le Sajous pour sa gourmandise, parfaite pour une fin de soirée entre amis, et le Communal pour son originalité, à mi-chemin entre deux univers très différents.

 

2 Comments

  • stephane casimir dit :

    Très bonne analyse concernant le Sajous 4 ans, toutefois la note ne reflète pas assez cette envie pressante qu’on a de se resservir…ok peu complexe mais il est gourmand moi c’est un 17/20.

    Ruptures de stocks en France, Italie, Allemagne, Espagne et très peu en revente sur marché parallèle…. c’est représentatif je pense

    • Simon dit :

      Bonjour Stéphane,

      Merci pour votre commentaire. Nous essayons, dans nos dégustations, de découper deux temps :
      Le premier est celui de l’analyse des gouts, où nous essayons de rester le plus factuel possible.
      Le second, la conclusion, dans laquelle nous donnons un peu plus notre avis.

      Nous sommes donc d’accord sur la qualité du produit 🙂

      A bientôt !

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