Note pour nos lecteurs qui n’auraient pas écouté le podcast dont il est question juste en dessous :
L’international Sugarcane Spirits Awards est un concours, dont voici la présentation : « Les équipes des Rhum Fest Paris et Rum Fest Londres, en partenariat avec le magazine Rumporter, lancent les International Sugarcane Spirits Awards (ISS-Awards), le plus grand concours d’excellence au monde pour les rhums et autres alcools de canne à sucre ».
Un nouveau concours dans le monde du rhum, en soi, ce n’est pas un événement. En revanche, un concours qui vise à établir un nouveau standard, c’est novateur.
Comme beaucoup d’entre vous, nous avons découvert l’existence de ce concours lors du Single Cast (le podcast de Benoit Bail, Jerry Gitany, Laurent – l’homme à la poussette et Roger Caroni) dont Cyr Mald était l’invité. Cyr Mald, pour ceux qui ne le connaissent pas, est (entre autres) l’un des grands experts français de la dégustation de spiritueux. Autant être transparent : nous n’avons pas été emballés par la présentation du concours. C’est donc armé de quelques questions que nous avons voulu discuter avec Cyr, le président de l’ISS.
Notre première interrogation concernait une catégorie, évoquée lors du live : celle des rhums secs avec 10g de sucre maximum. Nous avons tiqué, mais la réponse de Cyr n’a pas tardé : « Cette catégorie a été supprimée après réflexion. Nous préférons partir sur une catégorie en plus, tout en laissant de la place pour les rhums légèrement sucrés avec moins de 10g/l ». C’est avec une pointe de regret que nous nous rendons compte que l’équipe qui organise le concours n’a pas eu besoin de nous pour ce point-là. A propos des catégories, les rhums secs, donc non sucrés, en compteront six : blanc, vieux (entre 3 et 6 ans) et très vieux (plus de 7 ans) en pur jus et en mélasse.
Cette question du sucre est très importante pour les organisateurs du concours puisque c’est un laboratoire de Cognac, parmi les plus réputés du milieu, qui testera l’ensemble des rhums qui se présenteront au concours.
Parlons chiffres un peu. Pour cette édition 2020, il y aura plus de 600 rhums, répartis dans 22 catégories, jugés par 24 juges (et 24 assistants). Au niveau du palmarès, 10% des rhums de chaque catégorie seront désignés comme finalistes, avec un seul grand vainqueur par catégorie. Ainsi, pour une catégorie d’une trentaine de rhums, seuls trois seront finalistes. C’est tout à fait correct et représentatif, mais cela pose une question : les marques qui ne seront pas finalistes (et elles seront nombreuses dans notre exemple) seront-elles tentées de revenir l’année suivante ? A cette question, l’équipe d’organisation nous assure que les inscriptions pour l’édition de l’an prochain explosent d’ores et déjà. Dont acte.

Parlons argent. Après tout, c’est le nerf de la guerre. A terme, l’idée des organisateurs est de payer tous les juges et cette rémunération s’ajoutera à tous les frais inhérents à ce genre de concours (organisation, communication, envoi des samples, etc…). Chaque marque devra donc payer pour participer, ce qui renvoie à la question évoquée plus haut : une marque qui ne gagnera pas pendant quelques années continuera-t-elle à payer longtemps pour repartir les mains vides ? Pour lever cet obstacle, les organisateurs ont prévu la mise en place d’un site grand public qui affichera les résultats de l’ensemble des participants, ce qui apportera à tous un gain de visibilité et de reconnaissance. Cela donnera aussi naissance à une formidable base de données des alcools de canne du monde. Laquelle sera agrémentée de graphiques très précis développés pour le concours.
La charte de dégustation qui été transmise aux juges, mais que nous n’avons pas pu consulter, est très précise sur l’environnement de dégustation : le type de verre, température, environnement, tout y est précisé afin d’éviter des erreurs de jugement.
La composition du jury a été un travail de longue haleine, pour permettre à toutes les spécificités du monde du rhum de s’exprimer : le jury vient donc du monde entier. Ses membres représentent les différents terroirs du rhum. Cette diversité aurait pu faire pencher les faveurs vers les rhums les plus classiques, ou les plus lisses. Mais “le format des concours pousse justement le jury vers les produits les plus originaux, explique Cyr Mald. Le juge doit rompre avec ses habitudes pour aller chercher les spiritueux les plus pointus ». A noter que tout a été fait pour que les jurys ne puissent pas céder à la tentation du parti-pris, puisque les échantillons seront masqués, avec des flacons différents même entre les différents jurys.
Par ailleurs, il était important pour les organisateurs de l’ISS de mettre en avant les expertes féminines car, pour Cyr « l’avenir du rhum passe par les femmes. Le rhum est une boisson bien plus consommée par les femmes que le whisky, il ne faut pas que cela cesse ! ».
Si 150 rhums à tester en un mois, cela peut vous paraître énorme (en tout cas, pour nous c’est le cas), Cyr Mald nous a encore rassurés « Il s’agit de juges hautement qualifiés, professionnels de la dégustation, pour qui des séries de quinze rhums par jour pendant dix jours, sur un mois, c’est quelque chose de tout à fait classique. »
Quinze rhums par jour pendant dix jours ? Il nous reste beaucoup de progrès à accomplir à Préférence Rhum.
Vite, nous retournons à l’entraînement !