Tout fraîchement arrivé dans le monde de la vente en ligne de spiritueux, le site de vente en ligne klac tente de se faire une place au soleil. Nous avons voulu en savoir plus et nous avons donc contacté l’équipe de Klac :
Bonjour Capitaine, pourriez-vous nous parler un peu de vous ?
Bonjour à vous et à tous les lecteurs de Préférence Rhum, le Capitaine Klac gère la boutique e-commerce du même nom : klac.fr. C’est une jeune boutique spécialisée dans la vente en ligne de spiritueux : rhums, whiskys, gins, vodkas, etc. La boutique propose des produits haut de gamme en provenance des quatre coins du monde, ainsi que des marques plus atypiques voire rares, mais on y trouve également des bouteilles pour toutes les bourses avec des produits accessibles. Ce qui nous intéresse ici, c’est le rhum, pour lequel nous avons près de 75 références.
Pourquoi la vente en ligne ?
C’est une bonne question. Qu’est-ce qui a piqué le Capitaine Klac pour se lancer dans cette folle aventure ? La réponse est simple, uniquement la passion des spiritueux (et un péché mignon pour les rhums). C’est un peu gros et ça fait réponse toute faite, mais c’est bien le cas. Klac.fr est une activité secondaire pour tous les associés du Capitaine. Plutôt que dévorer le catalogue des séries Netflix tous les soirs, on améliore, on rédige et on déguste pour enrichir le site.
C’est un secteur assez chargé, comment pensez-vous faire la différence ?
Effectivement, c’est un secteur très concurrentiel. Entre les grandes surfaces, les cavistes et les autres acteurs en ligne, il y a du monde. Alors c’est compliqué de se faire une place. Nous nous sommes donné un objectif ambitieux : aider tous les consommateurs à mieux choisir et déguster leurs spiritueux afin de profiter pleinement des moments de convivialité qu’offrent ces produits. Les lecteurs avertis de Préférence Rhum vont comprendre notre démarche. Il est déroutant de tomber sur des consommateurs qui pensent déguster un rhum haut de gamme alors que ce n’est pas le cas. Est-ce la faute au marketing léché mis en place par les marques ? Une législation trop permissive ? À mon sens, c’est principalement un manque de connaissances de la part des consommateurs dans les spiritueux. Les Français font encore majoritairement leurs achats en grandes surfaces (en volume). Donc pour cette clientèle, le haut de gamme des spiritueux, ce sont les bouteilles en haut des rayons. Je vais oser une comparaison : quand un consommateur va manger au McDonald’s, il sait qu’il va manger un burger et des frites, c’est gras, mais c’est bon. Ce même consommateur peut aller manger dans un restaurant étoilé, il sait qu’il paiera plus cher l’addition mais que la qualité sera au rendez-vous. Dans les spiritueux, certains consommateurs pensent déguster un restaurant étoilé alors qu’ils sont chez McDo, et c’est ça le problème. Appelons un chat, un chat, est-ce problématique d’apprécier un verre de Don Papa ? Non. Est-ce problématique de penser que le rhum Don Papa est un rhum de fou, haut de gamme, etc. ? Oui. Je m’écarte clairement de la question, mais ça complète notre envie de mieux informer les consommateurs. Pour le moment, nous ne sommes clairement pas encore satisfaits de tout ce que nous proposons, mais nous avons plein de projets dans les cartons qui tardent à sortir.
Qu’avez-vous pensé de l’année 2019 en termes d’actu rhum ?
D’un point de vue général, je retiens la mise à jour de la réglementation européenne sur les spiritueux : le règlement 2019/787 vient remplacer le 110/2008. Ça n’avance sûrement pas assez pour régler plusieurs points de conflits, mais cela va dans la bonne direction. On note notamment que ce nouveau règlement vient enfin mettre une limite de 20g de sucre par litre de rhum. Certains producteurs sont donc contraints de modifier certaines recettes pour rentrer dans les clous. Je retiens également la pluie de finish, la montée en puissance des rhums bio, la démocratisation des bruts de fûts et single cask, l’invasion des embouteilleurs indépendants et les stocks sans fin de Caroni 😀
Vos rhums coup de cœur ?
Si je devais retenir une marque pour l’année 2019, je dirais les rhums Mhoba. J’ai eu l’occasion de déguster toute leur lineup au Whisky Live et j’en garde clairement un excellent souvenir. On va essayer d’ajouter leurs produits à la boutique dès qu’on le pourra. Une bouteille ? Saint James Single Cask 1997. C’est amusant avec Saint James car les personnes qui s’intéressent peu aux spiritueux connaissent finalement mal cette marque, à cause de leur présence importante en GMS. Quand je discute avec des amis, la question du rhum que je préfère reviens de temps en temps et ils tombent des nues lorsque je cite un rhum Saint James. Pour eux, Saint James rime avec GMS. Alors que les lecteurs de Préférence Rhum, savent comme moi, que Saint James vaut bien mieux que ça.
Va-t-on à votre avis vers plus de marketing et plus de premium pour les années à venir ?
À mon sens et malheureusement, assurément plus de marketing. Pour le coup, je suis un brin pessimiste. Le rhum est en plein renouveau, il revient sur le devant de la scène, gagne des parts de marchés et attire évidemment les appétits. J’essaie de suivre un maximum, mais j’ai la sensation que tous les 3 mois, il y a un nouvel embouteilleur indépendant prometteur. J’ajoute ça à la balance du plus de marketing. Mais à l’instar du whisky qui est un spiritueux avec un marché plus mature, je pense que l’avenir aura raison de plusieurs d’entre eux, certains disparaîtront et quelques uns se feront racheter. Il y a également des nouvelles tendances, les rhums BIO, les single cask, les bruts de fûts, les bruts de colonnes, les finish dans tous les sens, etc. Est-ce du premium ou du marketing ? Un peu des deux. De toutes manières, le premium reste un marché de niche. En termes de volume, aucune des 5 plus grandes marques ne fait rêver un geek du rhum. Je pense que l’on restera encore un moment avec ce tableau, un marché du rhum en croissance et un marché premium de niche.
Pour contrebalancer tout mon pessimisme, j’ai un peu d’espoir en poche. J’aimerais que les marques soient de plus en plus transparentes sur le contenu de leurs bouteilles et qu’elles expliquent comment elles travaillent. Je peux notamment citer l’initiative du label Pur Rhum. Elle est poussée par le distributeur L’Explorateur du Goût et chaque rhum du label a été analysé par un laboratoire indépendant. Les rhums labellisés s’engagent à communiquer l’âge minimum et non l’âge maximum des rhums. Les analyses portent sur plusieurs molécules dont la vanilline, le glycérol et l’éthylvanilline. Ces molécules sont très régulièrement utilisées pour modifier l’aspect et le goût. Toutes les informations pour chaque rhum sont disponibles sur le site du label. Je trouve l’initiative top. Je regrette que peu de marques emboîtent le pas et que d’autres initiatives de ce type n’aient pas encore émergé. On pourrait imaginer ces mêmes données pour chaque rhum AOC Martinique ou IGP Guadeloupe par exemple. Ça aurait clairement de la gueule et ça donnerait des billes aux consommateurs qui veulent s’intéresser un peu plus au rhum.
Vous l’avez compris, le capitaine a des choses à dire !
Merci pour l’interview et à bientôt autour d’un verre, de rhum bien sûr.