Dégustation très originale pour nous puisqu’il s’agit de la première dégustation d’un Caroni sur le site en presque deux ans d’existence !
Le style Caroni, très original et très marqué, n’est pas des plus accessible ; pour en simplifier la description, nous pourrions dire qu’un Caroni est un rhum de Guyana (pour le côté fruité, torréfié etc…) qui aurait vieilli dans un garage. Les notes distinctives de la distillerie sont le caoutchouc ou les hydrocarbures, et sont assez uniques dans le monde du rhum. Fermée depuis 2003, la distillerie a également tout une mythologie, bien vendue par Velier, sur la découverte des fûts dans la jungle.
Prenez donc une pincette de mythe, une distillerie fermée, un style unique, ajoutez-y la puissance de Velier, et vous obtiendrez des prix très élevés, aux alentours des 400€ par exemple pour The Last (un de nos très grands moments du Whisky Live 2019). Presque tous les embouteilleurs indépendants de la place ont leur Caroni (Bristol – qui avait acheté des fûts initialement- Rasta Morris ou encore la Compagnie des Indes par exemple) et les prix étant les mêmes sur un vieillissement continental que sur un vieillissement tropical, on en vient à se dire que Velier pratique des prix corrects… Normal.
Heureusement pour nous, la vie est faite de petit moment de chance, et la découverte par Rémi d’une bouteille de Caroni 1992, perdue dans la jungle alsacienne, nous permet de pouvoir goûter un rhum devenu mythique, et souvent décrit comme un des meilleurs Caroni proposés par Velier. Merci à lui !
Caroni 92 FP
Degré alcoolique : 61,2%
Intégration de l’alcool : Très bonne
Age : 18 ans
Particularité : Brut de fût
Fiche Rum Tasting Notes
Au nez, les premières notes sont celles qui sont généralement associées au Caroni : on retrouve du caoutchouc, des solvants, c’est profond et vraiment pas mal du tout. Avec l’aération, c’est une ribambelle de fruits qui arrivent (dates, mangue et papaye), mais ce qui est remarquable, c’est que cette gourmandise complète le côté lourd du caoutchouc et du solvants. La fraîcheur de la fin de nez est remarquable, puisqu’on sent poindre de la fraîcheur sur la menthe, de la vanille et des notes de noix caramélisées. Si on ne retrouve pas ici le boisé gourmand des très bons agricoles, on a fortement apprécié ce mélange de gourmandise et de lourdeur.
En bouche, c’est puissant, sans être trop fort en alcool. L’attaque est épicée (poivre ?), puis arrivent le même duo qu’au nez, le caoutchouc et les solvants. Comme pour le nez, on retrouve les fruits tropicaux, un peu plus gourmands encore, avec l’ananas et la mangue. La succession des arômes est la même qu’au nez, c’est d’ailleurs assez fou, puisqu’on finit avec de la noix, et du caramel (ou peut-être même de la noix caramélisée ?). Quasiment un copier-coller du nez, mais s’en plaindra-t-on ? Non, pas du tout.
La finale est longue, sur une douceur miellée, du réglisse et un petit boisé, qui fait son apparition en toute fin de parcours, comme un témoignage des 18 ans en fût.
Se plonger dans les Caroni en commençant par ce 1992 Full Proof, c’est un peu comme si on commençait à boire de l’agricole avec Bally 1999 brut de fût… On commence avec du lourd, et il sera compliqué de faire aussi bien ensuite. Une très belle dégustation, où on n’a pas retrouvé le côté écœurant des Caroni trop portés sur les hydrocarbures.
On comprend bien ce qui a fait la légende la distillerie de Trinidad !
Notre note : 92