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Il existe un paradoxe Damoiseau, c’est une certitude ! Cette maison a su proposer quelques uns des millésimes les plus mythiques du pur jus, – on pense ici au 1953 ou au 1980 – , elle bénéficie auprès du grand public d’une forte renommée, mais il y a plusieurs années qu’elle n’a pas réussi à nous proposer d’embouteillage digne des glorieux ainés.
« Nous ne cherchons pas à proposer ces produits, tranche Hervé Damoiseau, qui dirige et personnifie désormais la marque. Nous n’excluons pas de refaire du premium pour faire découvrir une production particulière. Mais nous ne sommes pas guidés par la volonté de séduire la toile ». Le message est passé !
La distillerie ne compte que 3 000 fûts de rhums vieux, ce qui est assez peu. En conséquence, la majorité de la production, vieillie en fût d’ex-bourbon majoritairement, part dans les classiques XO, VSOP et VO.
Le décor étant rapidement planté, place à la dégustation. Un démarrage en douceur, pour finir sur trois grands classiques, avec notamment un mélange d’agricole et de mélasse très intéressant.

 

 

Les dégustations

 

Damoiseau 2009, version réduite

Degré : 42%
Intégration de l’alcool : Moyenne
Age : 7 ans
Type : Agricole
Retrouvez ici sa fiche RumX

 

Au nez, l’ouverture est boisée, accompagnée d’une petite pointe de café, avant de laisser la place à un registre plus léger, avec les épices douces (vanille et cannelle). A l’aération, les fruits arrivent, avec des notes de pêche et de pommes.
En bouche, le schéma est relativement similaire : le boisé, accompagné d’un café plus gourmand (café au lait chocolaté), ouvre le bal. Néanmoins, l’impression suivante est très pimentée, ce qui est surprenant vu le degré alcoolique. Petite touche fruitée sur l’ananas en fin de bouche.
La finale est épicée, sur la vanille et la muscade.

Le trio bois-épice-fruit a tout pour plaire, mais le tout est finalement moyennement réussi, surtout à cause de ce côté pimenté de la bouche. Ce n’est pas mauvais, mais pas emballant non plus.
Notre note : 70

On monte de quelques crans avec la dégustation du millésime 1991, qui fait partie du trio 1989-1991-1995, une série limitée dont les bouteilles étaient encore disponibles il y a peu. Même si ces millésimes sont moins réputés que leurs glorieux ainés, elles sont tout de même joliment présentées et sont proposées en brut de fût, ce qui n’était pas la norme il y a dix ans.

 

Damoiseau 1991

 

Degré : 54,4%
Intégration de l’alcool : Parfaite
Age : 18 ans (24/07/91 – 01/2010)
Particularités : Brut de fût et mélange vesou/mélasse
Fiche Rum Tasting Notes ici

 

La première claque est visuelle : le rhum est très sombre, presque autant que le Bally 1999.
Au nez, c’est très réussi, les arômes de torréfaction sont très présents, mais très fondus (boisé, café, chocolat, cuir et même une note de noisette grillée). Une touche gourmande arrive, avec la vanille et le pruneau. Quel nez !
La bouche est ample et complexe, et présente certains des arômes déjà trouvés au nez : le boisé est présent, toujours accompagné du café, du chocolat et des épices (ici plutôt cannelle et muscade).
La finale est sympathique, sur les épices (réglisse) et le pruneau. On aurait juste pu espérer qu’elle soit plus longue.
Mais quelle (très) belle dégustation !! Un bonbon torréfié au rhum, à un très bon degré en plus.

Notre note : 91

 

Un très beau rhum

Un monument maintenant, avec un des millésimes les plus mythiques du petit monde du rhum des Antilles françaises :

 

Damoiseau 1980, version Velier

 

Degré : 60,3%
Intégration de l’alcool : Bonne
Age : 18 ans
Particularité : brut de fût et mélange vesou/mélasse
Qu’en disent les utilisateurs de Rum Tasting Notes ?

 

Le nez est intense, lourd, avec encore une fois un rhum bien marqué par le bois, accompagné du café, de la noix et de la muscade. A l’aération, la mangue, l’ananas et le pruneau font leur apparition, en fanfare ! Un nez puissant et très évolutif.
En bouche, le sentiment qui prédomine est la puissance. Le jus est marqué par le bois, c’est très surprenant, mais surtout très réussi. Les épices sont présentes également, avec de la vanille, de la réglisse et une petite pointe pimentée. Dans le même temps, un petit soupçon de fruits séchés fait son apparition.
La finale est très longue, sur le boisé, les épices dont la réglisse.

Eh bien, quelle dégustation… C’est beaucoup plus puissant que pour le 91, sur des notes un peu similaires mais bien plus déchainées. Un rhum pour les grandes occasions, et surtout pour joliment clôturer une dégustation.

Notre note : 93

 

Un rhum magnifique

Enfin, le rhum plus puissant (en alcool) de cette sélection :

 

Damoiseau 1995

Degré : 66,9%
Intégration de l’alcool : Moyenne
Age : 15 ans
Particularité : brut de fût et mélange vesou/mélasse
Fiche Rum Tasting Notes

 

Au nez, l’alcool est très présent, et masque presque les fruits (maracuja et mangue), les épices (vanille et piment) et le café. Bien trop de puissance ici.
En bouche, le boisé fait son apparition, et s’accompagne des fruits (toujours la mangue). Les épices restent présentes (gingembre et piment toujours). Encore une fois, le fort degré complique la dégustation.
La finale est intéressante, et reste fidèle aux notes de fruits et du fût de la bouche.

Il y a quelques degrés en trop ici et l’alcool rend la dégustation très difficile. Dommage.
Notre note : 78

 

Conclusion générale

Voilà que s’achève notre aventure au Moule, Guadeloupe, dans l’emblématique distillerie de l’île papillon. Si les millésimes 1991 et surtout 1980 sont plus que réussis, nous avons été moins emballés par les deux autres dégustations (même si le 2009, en dehors de ce contexte de haut vol pourrait mieux s’en sortir, et que le 1995 est préféré par certains par rapport au 1991). C’était un plaisir de déguster ces millésimes, et de pouvoir décortiquer ces épices si typiques de la maison.

Si les millésimes récents ont moins marqué les « geeks », la distillerie prépare actuellement un 15 ans… Qui sera peut-être au niveau des glorieux anciens ?

 

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