Il y a quelques mois, nous avions publié un triptyque sur le degré idéal du rhum. Au même moment, un certain Morgan Ricci avait posé la même question sur un célèbre groupe Facebook. Nous avions donc échangé un peu et il nous avait évoqué son projet d’embouteillage indépendant. Quelques mois plus tard, voilà que les rhums de la Famille Ricci sont parés au décollage. Nous avons donc échangé de nouveau avec Morgan, pour en savoir plus sur ce beau projet.
Bonjour Morgan, peux-tu nous parler de ton parcours ?
Je suis Morgan Ricci fondateur de la maison d’embouteillage indépendant Famille Ricci, basée à Mougins, capitale de la gastronomie et des arts de vivre.
J’ai toujours été dans l’univers de l’alcool, je suis en contact avec celui-ci depuis mon enfance. Mon père avait une affaire de nuit de prestige à Cannes et est lui-même un passionné de spiritueux en tout genre. Après avoir travaillé dans son établissement, j’ai ouvert mon agence de vente de vins, champagne et spiritueux pour les particuliers et les professionnels. J’ai toujours aimé partir à la découverte des domaines afin de dénicher des pépites à faire découvrir à mes clients. J’ai ensuite eu avec ma femme une cave à vins et spiritueux. C’est véritablement là que ma passion pour les spiritueux a pris le dessus sur celle des vins et des champagnes.
Après avoir goûté à des centaines de spiritueux je suis tombé véritablement amoureux de cet univers, de par la large palette aromatique que l’on peut y trouver mais aussi par la diversité des hommes, des terroirs et des méthodes de fabrication.
J’ai alors fait du passe-temps préféré de mon enfance, jouer à l’apprenti chimiste en concoctant plein de recettes, mon métier. Je me suis donc intéressé de plus près au statut d’embouteilleur et que j’ai remarqué que je pouvais jouer de nouveau au chimiste dans un univers qui me passionne. J’ai tout de suite su que je voulais devenir embouteilleur indépendant et créer ma gamme de spiritueux… C’est un peu un rêve d’enfant qui se réalise !
Tu arrives avec deux gammes, peux-tu nous les présenter ?
L’une est le rhum Dynasty, qui est un peu un rhum du monde car celui-ci est un assemblage de plusieurs continents (Amérique latine, Caraïbes, Asie et Océanie) avec des rhums vieux entre 4 et 7 ans. Ce qu’il faut retenir c’est j’ai effectué un deuxième vieillissement avec un mélange de barriques neuves, de différents bois et différentes chauffes, pour finir le blend. J’ai également ajouté un travail sur des barriques ayant déjà contenus d’autres breuvages comme le cognac, le sauternes et le pineau par exemple. Il y a un ajout de sucre (raisonnable) de 13g/L afin de le rendre plus gourmand, et accessible, à tous types de consommateurs, le but étant de proposer une alternative crédible aux rhums édulcorés. L’idée était vraiment d’amener le consommateur à franchir une étape importante en lui proposant un rhum plaisir avec plus d’authenticité, car le saut est parfois trop grand pour eux entre les rhums très sucrés voir épicés et des rhums plus secs.
Ensuite il y a la gamme Famille Ricci avec une première collection « Influences ». Elle est composée pour l’instant de trois cuvées. Sur cette gamme, nous avons laissé libre cours à notre créativité, ce sont des rhums vieux d’assemblage de deux origines (Trinidad-Jamaïque, Australie-Jamaïque et Guyana-Guatemala). Il y a vraiment des palettes aromatiques bien distinctes entre chaque cuvée où le choix des barriques et la proportion des assemblages ont eu, comme son nom l’indique, des influences sur le rhum final. Ce sont des rhums faits pour des amateurs plus avertis puisqu’ils titrent 46%, sans aucun ajout. Sans ajout, mais avec un procédé unique de vieillissement avec une finition dans des petits futs de 50 L ayant eu une chauffe complètement innovante. Le but étant de faire voyager le consommateur vers de nouveaux horizons aromatiques tout en gardant l’authenticité propre à chaque terroir.
Comment es-tu arrivé à la création de ces blends ?
J’ai toujours été un très grand fan de l’art de l’assemblage, que ce soit dans le champagne ou encore le cognaçais. Attention, je ne dis pas que les singles cask ne sont pas intéressants, car ils permettent de mettre en valeur l’expression d’un seul terroir est très intéressant. Mais pour moi, la différence entre un single cask et un assemblage, c’est comme dans un opéra où le single cask serait un soliste qui joue seul sa partition alors que pour l’assemblage c’est tous les instruments qui jouent ensemble. J’aime cette harmonie et cette complexité que l’on peut obtenir en assemblant.
Te vois-tu plutôt comme un éleveur en rhum ou comme un embouteilleur indépendant ?
Pour moi l’un est indissociable de l’autre, je me considère comme un éleveur, assembleur, embouteilleur. Pour moi l’élevage est ce qui y a de plus passionnant avec l’assemblage. Celui-ci peut amener tellement d’évolutions différentes à un même jus, c’est extraordinaire. En tant qu’embouteilleur indépendant il est jouissif de ne pas être limité et de pouvoir laisser libre cours à toute sa créativité et ainsi pouvoir offrir aux amateurs et consommateurs des rhums aux textures et arômes différents. C’est une vraie plus-value pour l’univers du rhum.
On semble sentir une proximité, géographique et d’approche, avec Guillaume Ferroni.
Effectivement tu as vu juste ! Il y a des similitudes avec Guillaume, dont je ne cache pas toute l’admiration que j’ai pour lui. J’ai beaucoup de respect pour tout le bien et la plus-value qu’il apporte à notre univers, en plus de l’homme fantastique et au grand cœur qu’il est. Vous savez, quand j’ai démarré mon projet, je l’ai contacté et il m’a accueilli bras ouverts, il m’a donné plein de bons conseils. Humble comme il est, il ne se rend d’ailleurs surement pas compte de la grandeur de son attitude et il doit avoir l’impression que ce n’est rien alors que c’est énorme pour moi et je ne l’oublierai jamais.
J’ai également beaucoup de respect pour Anto de Old Brother qui est également une personne fantastique. J’adore ce qu’il est et ce qu’il fait. C’est une personne qui donne sans calculer et je l’admire aussi pour cela c’est une personne précieuse à notre univers avec qui j’ai également envie d’approfondir mes connaissances et de nouer un véritable lien d’amitié en plus du travail. J’ai pu lui rendre visite à Toulouse et je peux vous garantir qu’on a dégusté de magnifiques nectars.
La tonnellerie Navarre a pas mal évoqué le travail qu’elle faisait avec toi lors du live de la Confrérie, tu peux nous en parler ?
Effectivement, nous sommes devenus complices de travail avec Willy, mais cela va plus loin que ça puisque nous avons développé une belle amitié.
Ce mec est un génie dans son travail, avec plein d’idées et de compétences puisque ces chauffes sont particulièrement réussies. En plus, ses barriques neuves et d’occasions sont de grande qualité. Il a développé un nouveau procédé de chauffe que j’ai eu la chance de tester en exclusivité. Nous l’avons mis en place tous les deux, nous avons vraiment avancé ensemble sur ce projet. D’ailleurs, nous continuons à le faire afin d’optimiser le processus.
Enfin, un petit mot pour conclure ?
Merci pour cet échange !
Je suis ravi de partager cette belle expérience humaine, car il s’agit de cela avant tout. Nous sommes dans un milieu riche en expert et en savoir-faire. J’espère que le résultat plaira, afin de pérenniser ma structure et me permettre de sortir plein de nouveaux nectars.
Pour les amateurs, les rhums seront disponibles à partir du 8 juillet et nous pourrons nous rencontrer au salon du rhum organisé par Anto à Toulouse fin novembre, j’ai hâte de partager ma passion et le résultat de mon travail avec tout le monde.
Merci beaucoup à Morgan Ricci, à qui nous souhaitons tout le succès possible !
Tous les renseignements et contact sont sur : https://famillericci.com/
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