Comme nous l’avons mentionné dans notre guide d’achat, la Martinique n’est plus l’El Dorado que nous avons connu avant la période pré-Covid, en particulier pour les rhums vieux : augmentation significative des prix, rareté de l’offre, dégustations payantes… Il reste cependant une large sélection de rhum blanc pour se faire plaisir et espérer trouver une pépite en vieux au bon endroit, au bon moment. Lors de notre dernier séjour, nous avons par exemple découvert la sortie d’un 3 Rivières 2015 en brut de fût, ce qui est assez rare pour être souligné. Sa sortie prochaine devrait ravir les amateurs du genre. Nous avons également eu la chance de trouver quelques belles références sympas dans les trois catégories que les spiritouristes espèrent croiser : la bouteille à prix peyi, l’exclu locale et l’ancienne sortie au prix d’avant.
Neisson Mizunara Batch 2
Réputé dans le monde du whisky pour apporter des arômes uniques aux spiritueux, les très chers fûts Mizunara originaires du Japon font une nouvelle apparition du côté de la distillerie du Carbet, après un premier batch sorti pour les 90 ans de la distillerie. Nous goûtons ici le deuxième batch, toujours élevé sous bois, sans indication d’âge mais avec l’appellation ESB qui indique un vieillissement entre 12 et 36 mois. Une bouteille trouvée à moins de 100€ en Martinique, pour un prix constaté en métropole situé autour de 160€.
Degré : 47,6%
Intégration de l’alcool : Parfaite
Age : 12 à 36 mois
Nombre de cols :
Particularité : élevé en fût de chêne Mizunara
Intégration de l’alcool : Parfaite
Age : 12 à 36 mois
Nombre de cols :
Particularité : élevé en fût de chêne Mizunara
Ce qui frappe dans un premier temps, c’est la douceur d’un nez sans une pointe d’alcool à l’horizon. On retrouve des fruits jaunes, de la canne fraîche qui rappelle le jeune âge du distillat, des épices douces (cannelle) et une pointe d’acidité bienvenue apportée par des agrumes. Le bois est discret, représenté par des notes de tabac et de céréales.
Bouche : dans la continuité du nez, on retrouve beaucoup de douceur. L’attaque est suave et l’impression globale de sucrosité est bluffante pour peu que l’on aime ces profils. L’alcool est plus que discret, quasi absent. On retrouve le même profil qu’au nez avec des fruits (pêche), un fruit à coque qui tend vers l’amande et ce jus de canne très sucré. Le bois est un peu plus présent et structure le tout avec beaucoup d’élégance.
La finale, un peu courte, nous ramène vers la canne et les agrumes.
Beaucoup de gourmandise donc, mais dans la finesse. De la dentelle, comme sait le faire Neisson. Nous sommes donc curieux de voir ce que peuvent apporter ces fûts sur un vieillissement plus long, en espérant (sans trop y croire) que ce soit abordable.
Notre note : 87+
Notre note : 87+
HSE single cask 2003 – 4 mars 2019
Dans la famille des HSE 2003 largement dégustés sur ce site, nous n’avions pas encore goûté à l’embouteillage de mars 2019. C’est grâce à Eric de la boutique GDID, située sur la commune de Sainte-Luce, quartier Trois Rivières à quelques encablures de l’ancienne distillerie du même nom, que nous avons pu mettre la main sur une bouteille. Une belle adresse où vous pourrez trouver toutes les marques de Martinique, des nouveautés et quelques Oldies, mais surtout échanger avec passion autour des quelques 40 bouteilles offertes à la dégustation par Eric.
Degré : 47,8%
Intégration de l’alcool : Excellente
Age : presque 15 ans
Nombre de cols : 1000
Particularité : single cask
Intégration de l’alcool : Excellente
Age : presque 15 ans
Nombre de cols : 1000
Particularité : single cask
Le nez est d’abord dans la lignée de la série : du classique maîtrisé autour du bois et du cacao. À noter qu’il a fallu lui laisser « plus de temps que d’habitude » pour que le bois laisse un peu de place et que le nez évolue vers des notes de fruits secs (datte, abricot) et de fruits cuits autour du pruneau. Belle intensité.
En bouche, on retrouve le beau boisé qui nous accompagne sur ces single cask depuis presque une décennie. Le profil général reste très gourmand autour des fruits tropicaux (mangue et maracuja), des fruits à coque, de belles épices et de la vanille. Cependant, des notes un peu plus vertes et végétales et une petite amertume portée par le bois donnent de la complexité au jus et lui donnent de l’épaisseur.
Une belle version du single cask qui aura tutoyé les sommets tout au long de sa carrière. Elle n’atteint cependant pas le niveau de l’embouteillage de 2021… en attendant la prochaine dégustation du 2003-2023.
Notre note : 89
Depaz 2015 « Double Cask »
Troisième trouvaille, il s’agit cette fois-ci d’une exclusivité martiniquaise, un rhum vendu uniquement à la distillerie Depaz, au pied de la montagne Pelée. Si la vendeuse de la boutique nous a étonnamment conseillé de le conserver en attendant qu’il prenne de la valeur, nous n’avons pas attendu 3 jours après notre retour en métropole pour l’ouvrir et le partager. Nous avons ici un single cask millésime 2015, 8 ans de vieillissement, « double cask », c’est-à-dire 6 ans en fût de bourbon et 2 ans en fût de cognac.
Degré : 59,2%
Intégration de l’alcool : excellente
Age : 8 ans
Nombre de cols : 260
Particularité : single cask exclusivité distillerie
Brut de fût oblige, le nez demande de la patience, mais celle-ci est récompensée par un beau boisé gourmand, de belles notes de moka, de nougatine et de fruits secs.
En bouche, les 59,2% sont discrets. Beaucoup de rondeur qui nous rappelle les 2003 chez Depaz, single cask et BDF, et qui contraste un peu avec le nez. Difficile de dire si c’est l’impact du fût de cognac, mais les fruits cuits dominent, le jus est suave, il colle aux dents. Le bois, comme sait le faire Depaz, est néanmoins bien présent sur la longueur, signature de la distillerie.
Une belle et trop rare sortie pour la distillerie de Saint Pierre qu’on aimerait voir plus souvent en avant, tant ces profils nous plaisent.
Notre note : 88