Nous avions déjà évoqué le travail qui était fait actuellement par Chairmans et JM lors de notre note de dégustation du Chairmans 20 ans d’Old Brothers et Excellence Rhum. Par ailleurs, nous avions déjà parlé, lors de la note des jeunes La Mauny, de l’intérêt que vous pouvait présenter ces rhums tout juste vieux, à peine plus de trois ans, en brut de fût, pour saisir l’essence même d’une distillerie, avant que le fût ne fasse trop d’effet.
C’est donc avec beaucoup de plaisir que nous avons pu profiter du marché de Noël à l’hôtel Monte Christo pour acquérir la version du 1802, et ensuite faire un saut chez Christian de Montaguère pour récupérer un sample gentiment offert par le taulier. Même si nous sommes amoureux des rhums martiniquais, les rhums JM ne nous ont pas toujours emballé, principalement car les vieux sont toujours proposés autour des 42% et, même si il ne faut pas courir après les watts, cela donne très souvent des rhums moins aromatiques. Voyons voir ce que donnent ces deux frères, et surtout si nous pouvons trouver les « marqueurs JM » grâce à cette dégustation.
JM x Christian de Montaguère
Degré : 57,08%
Intégration de l’alcool : Très bonne
Age : 3 ans et 7 mois
Nombre de bouteilles : 263
Vieillissement : chêne américain / Ex-bourbon
Particularités : Brut de fût et single cask
Fiche Rum Tasting Notes
La robe est très claire, légèrement dorée.
Au nez, l’ouverture est végétale, intéressante, sur la canne (le côté fibreux et le côté sucré) et les épices (poivre, muscade). Après un peu d’ouverture, on découvre une facette très originale d’un rhum vieux, avec une sensation salée et surtout un côté un peu terreux, on se croirait dans la jungle pendant quelques instants. On sent une petite noix en fin de nez. Quelle surprise que ce nez !
L’ouverture est également végétale (toujours la canne à sucre) avec une douceur sucrée intéressante. La fraîcheur est sympathique, puis le réglisse arrive avec un boisé élégant. Juste avant la finale, un café au lait sucré pointe le bout de son nez.
La finale, plutôt longue, est très épicée, sur la muscade, le poivre et le réglisse.
Eh bien, on pensait que cette touche très végétale, en Martinique, était réservée au 105 bio, mais ce J.M propose également cette facette. La sucrosité de l’attaque et les épices de la finale complètent joliment le tableau.
Notre note : 82
JM x 1802
Degré : 58,03%
Intégration de l’alcool : Parfaite
Age : 3 ans et 7 mois
Nombre de bouteilles : 377
Vieillissement : chêne américain / fût neuf
Particularités : Brut de fût et single cask
La robe est beaucoup plus foncée, presque acajou.
Au nez, l’ouverture est très gourmande, avec un peu de miel, du coco, un peu de cuir et du tabac. A l’aveugle, on pourrait presque se tromper de profil. En fin de nez, un petit boisé agréable fait son apparition.
En bouche, c’est chaleureux et assez épais. Le boisé est très gourmand et s’accompagnent d’un grand bol d’épices (vanille, muscade, cannelle). La puissance est présente, mais maîtrisée. La bouche s’achève sur une très agréable note de café.
La finale est assez longue sur ce boisé toujours très gourmand et les épices.
Très belle surprise ici aussi, avec un rhum qui fait bien plus que son âge ! Le boisé est très gourmand, les épices aussi. Une très belle réussite, malgré un nez un peu en retrait.
Ce rhum est parfaitement dans mes goûts actuels, d’où la bonne note :
Notre note : 86
Conclusion
Si la dégustation était très agréable, elle n’a, en revanche, pas du tout permis d’avancer dans la quête des marqueurs JM (même si les épices étaient très présentes dans ces deux rhums) puisque nous avons aperçu deux profils très différents. Si l’originalité est clairement du côté de la sélection Christian de Montaguère, la gourmandise du boisé nous a conquis dans la cuvée du 1802.
Nous pourrons juste noter l’importance extrême des fûts dans le processus de vieillissement. Et, car parfois une image vaut mieux que des mots, voici les deux robes pour illustrer les différences :