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Le blog que vous suivez, depuis 4 jours ou depuis 4 ans, a (comme son nom l’indique) une préférence quasi-exclusive pour le rhum. Nous avons commencé cette aventure blogesque afin d’éclairer un peu le chemin tortueux du nouveau venu, et le nôtre dans le même temps. Sans aucune prétention, nous pensons pouvoir dire que cette mission a été assez bien menée. Alors que près de 200 dégustations ont été faites sur le site, et bien plus en dehors, l’heure semble venue d’élargir un peu le champ des possibles.
La richesse aromatique du rhum est absolument incroyable, du fait des différentes matières premières, fermentations, distillations et vieillissements. Néanmoins, d’autres spiritueux ont aussi une carte à jouer, avec des siècles de productions diverses et variées. Il nous a donc semblé intéressant de nous intéresser aux spiritueux français, dont le monde semble plus raffoler que nous. Le moment d’échange que nous avons eu avec Vincent de l’Encantada nous a, par exemple, permis d’en apprendre plus sur l’Armagnac. Il y aura sur le site, dans les semaines à venir, des dégustations d’armagnac, de cognac et de calvados. Pourquoi ce léger changement de cap ? Comme évoqué ci-dessus, il n’y a pas que les producteurs de rhum qui savent faire de bon spiritueux. De plus, il peut y avoir parfois (et c’est le cas pour moi), une petite lassitude sur certains types de rhums. Ensuite, et cette remarque sera tout à fait personnelle, il n’y a pas que le rhum qui propose des profils torréfiés et assez boisés ! Il serait donc dommage de passer à côté de la richesse de nos terroirs. Car c’est aussi un point important pour nous : la France est un formidable pays producteur d’alcools aussi divers que variés. Nous avons (avec toujours beaucoup de modestie) envie de nous intéresser à des histoires et à des producteurs que nous connaissons moins. Enfin, la grosse inflation des derniers mois dans le monde du rhum nous a poussé à goûter plus attentivement les autres spiritueux dans les salons.

Nous espérons que ces futurs infidélités au rhum ne vous dérangerons pas, même si, finalement, nous faisons ce que nous voulons :p

Le programme du jour

Afin de ne pas changer trop vite nos habitudes, nous abordons ce virage, important pour nous, avec trois finishs rhums. Le premier est un armagnac fini en fût de Worthy Park, le second un cognac fini en fût de Long Pond et le troisième un calvados fini en fût de Caroni ! On peut aisément le deviner, l’idée derrière ces finishs étaient sûrement « d’aller chercher » les amateurs de rhum, mais aussi d’apporter une touche de puissance aromatique aux alcools initiaux.
Les finishs sont toujours délicats à analyser, car il s’agit parfois pour les producteurs de cacher les défauts d’un produit avec un finish puissant et masquant. Nous ne pensons pas du tout que ce soit le cas ici, car ces différentes cuvées ont été assez fortement mises en avant par les producteurs.
Nous commencerons la dégustation avec un cognac Ferrand, ou plutôt une eau-de-vie de vin, puisque le passage en fût de rum lui a fait perdre l’appellation. Il s’agit d’un millésime 2011, et le mark du fût de Long Pond est HJC (il s’agit du fût de l’extrême n°3).
Pour la suite, nous irons en Normandie ! Car la maison Drouin a utilisé des fûts de Caroni pour sa nouvelle version des Experimentals. Le passage en fût de Caroni aura duré 8 mois, afin de tenter de garder un équilibre entre les deux côtés de la Force.
Enfin, un armagnac de l’Encantada – Domaine du Pouy de 2002 – qui a connu un passage en fût de Worthy Park clôturera cette dégustation.

Renegade finish Long Pond – Cognac Ferrand

Degré : 48,2 %
Intégration de l’alcool : Excellente
Distillation : alambic charentais
Nombre de cols : –
Millésime : 2011– 10 ans
Vieillissement : Charente
Particularité : finish Long Pond

Le nez s’ouvre sur une douceur charmante : marc de raisin, cannelle et pâte d’amande (type frangipane). La suite est légèrement plus sèche (bois et épices), avant qu’une agréable note fruitée fasse son apparition (orange, coing). Le profil est gourmand, mais s’équilibre légèrement avec le bois et les épices, ce qui est plutôt sympa !
On retrouve cette « dualité » en bouche, mais avec l’inversion du premier rôle : le bois et surtout les épices (muscade, cumin, cannelle, vanille) occupent en effet le gros de la palette aromatique. Les fruits deviennent plus tropicaux (mangue, ananas) même si on retrouve l’orange aperçu au nez, le tout en arrière-plan.
La finale est relativement courte, sur les épices, un boisé un peu amère et une note de fumée.

Ce cognac fini en fût de Long Pond fonctionne très bien. La touche exotique apportée par le passage en fût de rum jamaïcain se sent à peine, et vient apporter une pointe d’exotisme en bouche.
Notre note : 85

Experimental Caroni Angels – Christian Drouin

Degré : 48,8 %
Intégration de l’alcool : Excellente
Distillation : –
Nombre de cols : 1506
Age : 17 ans
Vieillissement : Normandie
Particularité : finish Caroni pendant 8 mois

Oh, ce premier nez est vraiment surprenant ! Comme parfois dans les finishs, on pourrait presque sentir la bataille des arômes, entre la pomme en compote (avec un peu de sucre et de cannelle) et la résine végétale – ainsi que le bois un peu brûlée – du Caroni. L’ensemble fonctionne particulièrement bien, mais manque un peu d’évolution.
L’attaque en bouche est très réussie, et elle est exactement comme on pouvait l’attendre. La pomme est toujours bien présente, mais s’enrobe du goudron et des épices de Trinidad. On retrouve ensuite quelques fruits exotiques et une fin de bouche légèrement boisée.
La finale est encore une fois assez courte, mais agréable, sur le kiwi et le bois.

Il est rare que l’harmonie de deux alcools aussi différents se fasse aussi bien. Ce finish Caroni apporte beaucoup au calvados de base, et vient apporter un bonne dose de complexité. Les amateurs de Calvados y verront sûrement un produit assez éloigné de leurs goûts, mais cela colle bien aux nôtres. Un exemple de finish réussi.
Notre note : 87

Domaine du Pouy 2002 finish Worthy Park – L’Encantada

 

Degré : 56,8 %
Intégration de l’alcool : Excellente
Distillation : alambic armagnacais
Nombre de cols : –
Millésime : 2002 – 18 ans ?
Vieillissement : Armagnac
Particularités : brut de fût et finish Worthy Park

Le nez, et c’est une constante pendant cette dégustation, est très accessible. Dès l’ouverture, cet Encantada propose une belle salade de fruits : poire, pêche, abricot et ananas pas encore bien mure. On sent poindre l’influence de la Jamaïque avec une pointe de solvants, vraiment légère. Avec l’aération, une note de crème à la vanille fait son apparition.
Un petit café ouvre le bal en bouche, avec un peu de fruits, et un boisé assez présent. L’ensemble est harmonieux, puisque les fruits tropicaux sont bien intégrés.
La finale est originale, puisque le boisé apparait imprégné par les fruits tropicaux.

Ce Pouy 2002 a été dégusté à l’aveugle (lors de notre entretien avec Vincent) en même temps qu’un Pibous bien torréfié, et le profil semblait alors beaucoup plus gourmand. Les précédentes dégustations d’aujourd’hui étaient bien plus fruitées et ce Pouys apparaît donc finalement assez différent. Nous n’insisterons jamais assez sur l’importance du contexte de dégustation.
En deux mots, nous avons ici un armagnac agrémenté de quelques fruits tropicaux ici, ce qui est plutôt sympa !
Notre note : 84

Conclusion

Habituellement, nous dégustons des rhums avec un finish en fût d’autres alcools. La dégustation du jour nous montre qu’il est plus facile de partir d’un autre alcool et de le finir avec du rhum, pour un amateur d’alcool de canne. En effet, nous avons moins d’historique sur les autres alcools, et, par conséquent, moins l’effet du « ah, cet arôme n’aurait pas dû être là ! ».
Il pourra être intéressant de refaire cet exercice dans quelques mois, lorsque le palais sera plus affûté sur les marqueurs propres aux maisons présentées ici. Quoi qu’il en soit, la dégustation a été agréable, et sans aucune fausse note !

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