On découvre Tahiti, avec les cuvées Hélène et David par Tamure!
Parmi les très nombreuses régions qui produisent du rhum, on ne pense pas toujours à la Polynésie française de prime abord. Et pourtant, la production locale est en plein essor. D’ailleurs, le syndicat des IG des rhums polynésiens travaille actuellement à la reconnaissance de l’appellation « agricole » pour les rhums de pur jus de canne produits dans les îles. Vous le savez peut-être, les rhums des DOM bénéficient d’une exemption de taxe, qui se matérialise par le contingent. Pour en savoir plus sur ce sujet, vous pouvez lire cet excellent article de Rumporter. A voir si l’IG permet d’intégrer les rhums polynésiens dans le contingent, ou si il s’agit « uniquement » de pouvoir bénéficier de l’appellation agricole en métropole et à l’international. Il n’empêche que les rhums de cette lointaine partie du monde sont aujourd’hui dans le haut du panier !
La distillerie Tamure : résumé très rapide
L’histoire de Tamure repose sur la volonté farouche de David Moux, son créateur, d’exploiter la canne à sucre sur son île : Tahiti. L’histoire commence en 1982, et ce sera l’année du grand redémarrage de la canne dans l’archipel. En effet, la canne à sucre locale avait eu un « âge d’or » dans les années 1860, lorsque la France (nous n’évoquerons pas ici le contexte colonial de l’époque) fait appel aux travailleurs chinois. Notons juste ici qu’il en a été de même aux Antilles, avec l’arrivée des travailleurs « volontaires » Chinois et surtout Indiens. Fin de la parenthèse (trop courte, mais le sujet n’est pas ici), et retour à Tahiti au début du 20ème siècle : la canne à sucre perd de son importance et les champs de canne sont abandonnés. Environ 80 ans plus tard, la famille Moux entreprend de relancer la production de jus de canne, dans un premier temps, puis de rhum ensuite, en 1992.
La canne utilisée à Tahiti est la canne O’Tahiti, variété mère des cannes utilisées ensuite aux Antilles. Les cuvées dégustées ici sont les étendards de la marque, avec le plus vieux rhum polynésien jamais proposé, le Hélène. Vous l’aurez peut-être deviné, les cuvées David et Hélène rendent hommage aux deux fondateurs de la distillerie, pour les 30 ans de la distillerie.
Tamure – Cuvée Hélène
Intégration de l’alcool : Parfaite
Distillation : –
Nombre de cols : 255
Millésime : 2006 – 15 ans
Vieillissement : ex-bourbon tropical
Particularité : pur jus
Le nez s’ouvre sur des fruits jaunes (abricot), qui pourrait presque se transformer en fleurs. Pas d’alcool du tout, on trouve des épices douces (cannelle, vanille), du réglisse et un agréable boisé.
L’attaque en bouche est très élégante, avec un boisé un peu plus prononcé et des épices un peu moins douces (muscade, poivre). On arrive ensuite sur café un peu noir et une belle note de tabac. Belle différence entre le nez et la bouche !
Longue finale sur le boisé et les épices, agréable.
Beau rhum, bien fait, avec un nez fin et gourmand, et une bouche plus dense. Superbe expression du savoir-faire Tamure !
Notre note : 89
Le nez est ici plus surprenant, avec une note « terreuse » pas facile à déchiffrer. L’aération lui fait beaucoup de bien, avec un peu de coco grillée et des épices (vanille). Petite note de café au lait.
La bouche est plus vive que précédemment, mais reste (très) bien faite. On sent pas mal le fût ex-bourbon, avec de la coco grillée, un caramel un peu oublié sur le feu. Le boisé est profond et on trouve du pruneau pour finir.
La finale est toujours longue et agréable sur un café au lait accompagné de muscade.
Légèrement moins réussi que la cuvée Hélène, mais on reste sur un rhum fort bien fait.
Notre note : 87
Conclusion
Eh bien, le duo est plus que réussi ! La cuvée Hélène est une belle réussite, qui place la distillerie sur un segment haut-de-gamme où on ne l’attendait pas. Bravo !
Merci à Sylver Spirit pour la photo de couverture 🙂