Skip to main content

Pour compléter notre guide dédié à la Jamaïque, quoi de mieux qu’une dégustation exceptionnelle de rhums d’une autre époque, mais aussi de rhums plus récents qui ont marqué les esprits ces dernières années ?
Nous avons décidé de nous tourner vers Hampden et Long Pond, car ces deux distilleries proposent de nombreuses cuvées légendaires !

Long Pond

Corman Collins Old Jamaïque Long Pond 1977- 2013

Premier monstre dégusté : un Long Pond 1977 embouteillé par Corman Collins sous l’étiquette Old Jamaïque. Avec une mise en bouteille à 50° en 2013, on est sur un long vieillissement continental de 35 ans. Avant de passer à la dégustation, premier point à noter, la brillance remarquable du jus dans le verre : c’est surement très bon, mais c’est déjà très beau et ça donne envie de s’y jeter.

Le nez arrive avec un boisé très classe, et très raisonnable compte tenu de l’âge, accompagné d’un léger voile de solvant, de tabac et de vanille. A l’ouverture, le nez devient de plus en plus gourmand avec des fruits tropicaux, des fruits à coque grillés, une pointe d’épices douces et des effluves plus médicinales.
Pour la bouche la première impression est celle d’un rhum texturé, avec une réelle épaisseur, que l’on retrouve rarement sur des rhums réduits. L’attaque se fait tout en douceur, les arômes sont très fondus. On remarque tout de même quelques fruits compotés mais aussi des fruits rouges, des notes gourmandes qui nous font penser à du cola. Enfin, un boisé sur les fruits à coque bien présent mais loin d’être dérangeant conclut cette dégustation.

Un rhum chaleureux sublimé par une texture folle.
Notre note : 88/100

 

Corman Collins Old Jamaïque Long Pond 1982-2013

Embouteillé la même année que le précédent, on est ici sur un Long Pond de 30 ans, toujours sur un vieillissement en Ecosse, toujours embouteillé à 50° par le caviste belge Corman Collins.

Le nez offre plus de pep’s, avec des fruits un peu acides type agrumes (citron confit) et une belle note de fraise des bois. On retrouve toujours des solvants et un bois ciré.
En bouche les fruits sont plus lourds, autour de l’ananas rôti. Un coté pâtissier aussi, avec une vanille crémeuse. Un rhum avec une belle évolution : ça monte en intensité sur le palais sur un boisé ciré et des solvants.

Une belle concentration, portée par un boisé que nous avons apprécié.
Notre note : 89/100

 

Long Pond TECA 2005 Habitation Velier 62°

Pas une oldie’s pour cette troisième dégustation, on corrige ici un oubli : après presque trois bouteilles écoulées dans l’équipe, on se rend compte que nous n’avons toujours pas publié de retour sur ce Long Pond TECA 2005.  Surprenant pour ce jus qui est à la fois l’un des tous meilleurs Habitation Velier (si l’on en croit les membres de RumX) et, tout simplement, l’un des tous meilleurs Long Pong High Esters récent.

Changement total de registre pour le nez ! Beaucoup de lourdeur avec des solvants, de l’acétone… C’est sauvage ! Après une longue aération les solvants laissent de la place pour des notes de fruits presque pourris (banane, ananas, maracuja) mais également pour une agréable amande amère. Celle-ci devient de plus en plus présente et s’accompagne d’une certaine salinité (saumure). Le bois est aussi bien présent : 14 ans de vieillissement tropical ça laisse des traces. Les 62° restent parfaitement intégrés, le seul aspect « sage » de ce rhum.
Toujours aussi sauvage, la bouche laisse la part belle aux fruits. La bouteille dégustée est bien épaulée, le rhum est à point : le couple ananas fruit de la passion fait des merveilles. C’est acide, certes, mais pas dénué de gourmandise. On retrouve un boisé plus discret qu’au nez qui apporte tout de même une certaine astringence. La texture est épaisse, on pourrait presque le mâcher.
Longueur infinie : comptez environ 12h et deux brossages de dents.

Un rhum incontournable, dans une catégorie très particulière, qui peut être clivant. Mais pour les amateurs du genre, c’est un rhum à gouter, encore un cran au-dessus des sorties NRJ selon nous.
Notre note : 90/100

Hampden

On poursuit notre série entre le passé et le présent des rhums jamaïcains avec Hampden.

Compagnie des Indes Hampden 1992 24 ans 59,8%

On attaque donc avec un Hampden vieilli 24 ans sous climat continental pour l’embouteilleur français Compagnie des Indes, embouteilleur dont on parle peu sur ces pages mais qui, dans sa très large gamme, compte de nombreuses pépites.

Le nez allie l’exubérance d’Hampden et la finesse d’un jus au long vieillissement. Passé le voile de solvant et de fruits tropicaux, on trouve une petite note de fruits rouges acides (groseille) mais aussi des notes plus réglissées et anisées. Une pointe de de colle complète un tableau déjà bien rempli.
En bouche on retrouve un profil plus classique d’Hampden avec des fruits tropicaux rôtis lourds, un coté pot-pourri qui tire un peu sur le rancio et un bois qui apporte de la structure (mais aucune astringence).

Une jolie expression d’Hampden continentale qui tient toutes les promesses entrevues sur l’étiquette.
Notre note : 89/100

Corman Collins Hampden 1982 35y 55,3%

Au nez un profil tout en finesse avec des notes d’huile d’olive. On retrouve des fruits blancs, bien plus sages que ce qu’Hampden nous propose habituellement et des notes pâtissières (et surtout beurrée) qui apportent une belle gourmandise.
En bouche le profil est complexe autour d’un bois bien équilibré, de notes salines (saumure), des fruits tropicaux. Une belle sucrosité (cassonade) fait son apparition en fin de bouche.

Un rhum fin et complexe qui a su nous transporter.
Notre note : 91/100

Hampden H 2010 LMDW 69,2%

On revient dans le présent, ou le passé proche, avec un rhum « sorti » dans le cadre du Whisky Live 2019. Sorti si l’on peut dire, car avec un si faible tirage (170 bouteilles) et l’engouement pour Hampden (peut-être à son sommet à ce moment-là), il fallait être extrêmement chanceux pour tomber dessus. On se rappellera également que le mark <>H est celui du mythique Warren Kong du même millésime.

Le nez, dans un premier temps, est médicinal autour du camphre et du baume du tigre. Il devient de plus en plus pâtissier au fil de l’aération. On retrouve des notes de brioche passées au grille-pain, de gâteau à l’ananas et de frangipane. Les fruits sont dominés par l’ananas rôti.
En bouche on retrouve toute l’exubérance qui fait la force d’Hampden : solvant, bois et bien sûr des fruits tropicaux (ananas) qui prennent plus d’ampleur qu’au nez. Un profil explosif, porté par un degré d’alcool assez élevé mais jamais dérangeant… On prend une petite claque avec cette dégustation. On notera une note d’olive qui apporte une profondeur supplémentaire.

Une petite bombe esterisée parmi les meilleurs Hampden contemporains.
Notre note : 91/100

Hampden 2010 HLCF Habitation Velier

Comme pour Long Pond on termine cette dégustation par une petite bombe sorti il y a quelques années chez Habitation Velier. Rappelons que cette gamme regroupe un bon nombre de références de rhums jamaïcains, avec d’excellents rapports qualité prix (pour peu qu’on arrive à mettre la main dessus). Il s’agit d’ailleurs du premier Hampden de la gamme.

Au nez on est dans l’exubérance pure et dure : solvant, vernis puis des fruits tropicaux (banane et ananas) fermentés et même presque pourris. Avec du temps et de l’aération, le profil se fait plus végétal et médicinal avec des notes de miel, de sève et de camphre.
Bouche d’une rare intensité, porté par un degré alcoolique déraisonnable, où le jus explose en bouche, à la moindre goutte. On retrouve le couple banane ananas trop mûrs du nez mais aussi de belles notes d’olive. A l’aération le profil se fait épicé mais aussi boisé autour du tabac et de la vanille. Un profil qui peut paraître classique mais le jus est si déséquilibré, dans la démesure, qu’il est, en fait, une expérience à lui tout seul.

Un coté tout ou rien pour un jus qui ravira les amateurs de profils extrêmes.
Notre note : 88/100

Conclusion

Superbe dégustation ici, avec du très vieux, et du très bon ! La Jamaïque propose vraiment des merveilles à découvrir…

Commentez cet article