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L’année 2023 d’HSE commence sur les chapeaux de roue !

Le tournant de l’année 2023 a vu les éditions limitées pour Christian de Montaguère ouvrir le bal des nouveautés, avec, dans le même temps, la sortie de la récolte 2019 du parcellaire Canne d’Or. Une cuvée pour la BRI (la Brigade de Recherche et d’Intervention), sortie assez discrète, et, surtout, une cuvée pour la Confrérie du Rhum. Cette sortie a provoqué un gros buzz sur les groupes Facebook, et, ce qui est assez rare pour HSE, les cuvées se sont instantanément envolées sur les sites. Il faut dire qu’après le formidable Ephémère n°1 c’est le deuxième vieil agricole qui sort à un prix raisonnable. Enfin, raisonnable au prix de sortie (avant que les vautours ne viennent tenter de gratter un billet)…

Le vieillissement HSE : une expertise assez méconnue

Si la maitrise d’HSE sur les rhums blancs de dégustation s’exprime avec ses cuvées depuis celle de l’an 2000, on ne pense pas toujours à la maison du Gros-Morne en ce qui concerne les vieillissements pointus. Pourtant, et Cyril Lawson nous en avait parlé fin 2018, un travail de pointe a été fait depuis de nombreuses années. En quelques mots, que ce soit sur les finishs (qui ont fait beaucoup pour l’image auprès du grand public), sur la taille des fûts (small cask), sur les fûts neufs (depuis une quinzaine d’années), HSE travaille, souvent en silence, pour améliorer ses méthodes. Déjà, en 2018, avec les bruts de fût 2007, HSE a proposé, des bouteilles « sœurs » vieillies dans des fûts de chênes français ou américains pour comparer l’effet sur le rhum. Cette première approche a été un grand pas en avant pour les amateurs en quête d’expertise. Un nouveau pas a été franchi avec les cuvées présentées ici. En effet, trois innovations ont été mises en place :

  • Pour la cuvée de rhum vieux de Christian de Montaguère, une chauffe au procédé unique « Brume Aurore ». Ici, de la vapeur a été ajoutée durant la chauffe (le lien envoie vers le live du Single Cast avec Cyril), ce qui permet à HSE de faire évoluer un peu le profil. Si vous n’allez pas regarder le live, sachez que la tonnellerie introduit de l’eau au moment où la chauffe ouvre le bois.
  • Pour la cuvée de la Confrérie, la chauffe s’appelle « Brume Cuivre ». Pour cette chauffe, une griffe, après la « cuisson », vient offrir plusieurs niveaux de chauffe.
  • Enfin, pour la BRI, chêne américain avec le traitement « Spiral Cut ».

Ces rhums ont connu quatre ans en chêne américain (pour HSE, les chênes américains donnent leur meilleur entre 4 et 6 ans). Les cuvées spéciales sont travaillées à partir de six ans, après deux ans en chêne français donc.
Après ce tout petit focus, place à la dégustation !

Blancs : cuvée Christian de Montaguère – Canne d’Or 2019

Deux rhums blancs sortis presque en même temps, avec un « triple récoltes » : 2019-2020 et 2021 pour la cuvée CDM, et un nouveau parcellaire : le Canne d’Or 2019, qui prend la suite du réussi 2016.
Au nez, la cuvée CDM s’ouvre sur deux agréables univers distincts : le végétal de la canne et l’amertume des agrumes (citron). La Canne est plus sage, avec du poivre et des agrumes plus gourmands (mandarine et pamplemousse). Le côté végétal des rhums blancs AOC Martinique est une facette peut-être moins accessible, mais agréable quand c’est maîtrisé, et c’est le cas de la CDM. Petit avantage pour cette dernière donc.
En bouche, l’amertume végétale de la CDM se confirme, sans que ce soit désagréable, mais il manque tout de même un peu de gourmandise. En revanche, il est absolument formidable en punch. Pour la Canne, on retrouve un peu de douceur, avec un côté floral, les agrumes restent bien dosés et on a une petite pointe de fruits tropicaux en fin de bouche et pour la finale.

Deux rhums différents, mais complémentaires. La finale du Canne d’Or 2019 fait la différence en dégustation pure.
Nos notes : 84 pour la CDM et 87 pour la Canne d’Or 2019

HSE – Cuvée BRI

Degré : 45%
Intégration de l’alcool : Parfaite
Distillation : Colonne
Nombre de cols : 700
Millésime : 2018 – plus de 4 ans
Vieillissement : Chêne américain – spiral cut / Tropical
Particularité : édition spéciale
Fiche Rum-X

Oh, ce nez fait sérieusement penser à un Foursquare : coco grillé, vanille et caramel. C’est très surprenant, car ce nez est vraiment très pâtissier, avec même des notes de miel.
La bouche est très cohérente avec le nez : on reste dans la gourmandise, avec de la vanille, un boisé-caramélisé (mais plus caramélisé que boisé), du cacao et cette note de coco bien marquée.
Pour la finale, aucune surprise, c’est un petit bonbon au chocolat et au caramel !

Cette cuvée BRI ferait un beau piège aux amateurs qui la dégusterait à l’aveugle. On peut fortement supposer que cette cuvée a permis à HSE de voir jusqu’où pouvait aller un fût américain dans la gourmandise. Cette cuvée ravira les amateurs de rum, voir de rhum-dessert, mais ce n’est pas forcément notre cas.
Notre note : 82

HSE – 2007 – Cuvée de la Confrérie

Degré : 47,6%
Intégration de l’alcool : Parfaite
Distillation : Colonne
Nombre de cols : 600
Millésime : 2007 – presque 15 ans
Vieillissement : Tropical
Particularité : édition spéciale – brut de fût & single cask
Fiche Rum-X

Changement total d’univers ici : la complexité monte de plusieurs crans. On passe des épices au boisé, en passant par le café et les fruits secs (abricots, raisins). Les arômes changent à chaque instant, c’est aussi agréable que surprenant.
En bouche, on reste sur un rhum de haut niveau. L’attaque est légèrement acide (maracuja), le boisé presque astringent prend la suite, avant que la douceur n’arrive : fruits compotés (abricots et ananas), épices douces (vanille et cannelle) et café.
La finale est très réussie, sur un beau café au lait sucré.

Nous ne saurons jamais si la Brume Cuivre a permis cette complexité, mais le pari est clairement réussi ! Ce rhum est une réussite, qui rend un bel hommage à la Confrérie (et au 70ème anniversaire de Jerry Gitany). Notre seul petit regret : une texture agréable, mais peut-être pas assez ample, dû à un degré alcoolique raisonnable. Mais il s’agit d’un détail.
Notre note : 92

HSE – Cuvée Christian de Montaguère

Degré : 53,5%
Intégration de l’alcool : Parfaite
Distillation : Colonne
Nombre de cols : 600
Millésime : 2013 – presque 9 ans
Vieillissement : Tropical
Particularité : édition spéciale – single cask
Fiche Rum-X

Les épices sont aux premières loges, dès les premières effluves (muscade, poivre doux, cannelle). On découvre ensuite une note marquée d’orange (liqueur d’orange). Ce nez est frais, agréable, mais un peu sage.
L’attaque en bouche confirme ce duo, avec une orange très marquée (mais fugace), des épices pas agressives du tout avant qu’une fin de bouche très différente fasse son apparition. En effet, un boisé très enveloppant arrive, avec une pointe de café.
Très agréable finale, sur un boisé épicé du plus bel effet.

Si le nez a pu être un peu décevant, la bouche et la finale sont vraiment réussies. On passe un bon moment, avec un rhum à 53,5% mais dont l’alcool se fait totalement oublier. Moins exubérant que la cuvée pour la Confrérie, ce rhum a un côté réconfortant et chaleureux qu’on ne trouve pas si souvent !
Notre note : 90

Conclusion

L’innovation au service du goût, c’est un franc succès ! Les univers, tout en restant fidèle à l’AOC, sont très différents… Bravo !
Nous conclurons cette conclusion en saluant, une nouvelle fois, les prix de ces cuvées (surtout celle pour la Confrérie, et, dans une moindre mesure, la cuvée pour Christian de Montaguère) qui restent accessibles. Quand on voit le travail fait sur les fûts, ainsi que sur le packaging, on ne peut qu’apprécier de pouvoir se les offrir sereinement.

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