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Si il a longtemps été rare de trouver des rhums martiniquais chez les embouteilleurs indépendants, il est plus courant de trouver des rhums de Guadeloupe. Nous avions cité l’exemple des Bellevue 1998, dont de nombreux fûts ont été proposés chez les brokers (grossistes du rhum) et qui ont généré un grand nombres de sorties (on en trouve 49 embouteillages sur RTN !!). Ces fameux Bellevue viennent d’une distillerie de Grande-Terre (non, pas le Bellevue de Marie-Galante) et ils sont produits à base de mélasse.
C’est du côté de chez Bielle que nous allons trouver notre deuxième embouteillage ; pas de mystère, on est bien à Marie-Galante cette fois-ci. Bielle a proposé, il y a quelques années, de nombreux embouteillages chez les embouteilleurs indépendants (Rasta Morris, Old Brothers ou encore Les Rhums Vieux de Marie-Galante), ce qui a pu un peu perturber les amateurs. Depuis, tout le monde s’est habitué à avoir les embouteillages officiels de Bielle et les sorties chez les IB.
Enfin, nous terminons ce petit tour en Guadeloupe avec un embouteillage de chez Reimonenq, distillerie historique de l’île, mais qui semble un peu peiner actuellement à conquérir de nouveaux amateurs, tout du moins en métropole. C’est une première dégustation Reimonenq sur le site.
Voyons voir ce que nous propose ce voyage en Guadeloupe, en sortant des gammes classiques !
Comme souvent, nous avons choisi de déguster ces rhums en respectant les pourcentages d’alcool.

 

Le Gwada 2012 de Ferroni

Nous avons souvent évoqué la maison Ferroni, sans encore en proposer en dégustation. C’est désormais chose faite ! Ce Gwada, dont Guillaume a pu parler avec Nico sur le blog de Rhum Attitude, n’était pas IG Guadeloupe et a donc pris le surnom de Gwada. Pour ceux qui ne vont pas cliquer sur le lien précédent, notez que ce rhum a perdu 5,7% d’alcool durant le vieillissement en chai humide, et qu’il a connu un deuxième vieillissement en micro-barrique de Cognac.

Les caractéristiques
Degré : 52,3%
Intégration de l’alcool : Très bonne
Type de fûts : Bourbon puis micro-barrique ex-Cognac
Particularité : Brut de fût
Fiche RTN

 

A l’ouverture, c’est un nez très frais, très fruité qui fait son apparition. C’est vraiment charmant, avec des notes de pêches et de cerises, puis de citron. La douceur et la gourmandise sont toujours là avec une brève note de caramel, avant que le profil ne devienne un peu plus sérieux, avec une tension sur le tabac et un peu de café pour conclure.
En bouche, et c’est à noter, on suit une progression similaire : l’attaque est douce, presque liquoreuse, avec de la vanille et du citron confit. Mais on monte encore une fois crescendo avec des épices (piments très doux, poivre) et encore cette note de café.
La finale est moyennement longue, et elle est fruitée et épicée.

On ne peut pas vraiment parler de sélection de la part de Guillaume Ferroni, puisqu’il y a eu un deuxième temps de vieillissement, assez long d’ailleurs, à Marseille. Nous parlerons donc d’élevage, et il a été bien fait. On a ici un rhum plaisant et dont l’évolution, aussi bien au nez qu’en bouche, est aussi originale que sympathique.
Notre note : 88

 

Le Bielle 2013 de la Guildive

Nous avions discuté avec Sylvie, la très sympathique gérante de la cave l’Univers de la Guildive au tout début de l’aventure Préférence Rhum. Depuis, celle-ci a fait un bon bout de chemin puisque un embouteillage est venu égayer l’actualité antiboise au début de l’année 2020. Le succès a été fulgurant puisqu’il n’a fallu que quelques semaines pour que les 230 bouteilles de cette première cuvée de la Guildive s’envolent chez les amateurs.

Les caractéristiques
Degré : 54,6%
Intégration de l’alcool : Très bonne
Age : 7 ans
Vieillissement : tropical et ex-bourbon
Particularité : brut de fût
Fiche RTN

 

Ce Bielle nous propose un nez assez typique de la maison, avec une composante très agréablement douce au premier abord : des fruits blancs (poire), secs (abricot), tropicaux (ananas). On trouve également une petite note de vanille avant que le profil ne devienne plus boisé, et végétal (sève). C’est un nez riche et évolutif.
Le boisé est de retour en bouche, avec toujours des fruits, un peu plus acides (citron vert et maracuja). La fin de bouche est torréfiée, avec une pointe de cacao et de café. La bouche est loin d’être mauvaise, mais pas au niveau du très beau nez.
La finale est assez courte, sur les agrumes et le réglisse.

C’est un beau Bielle que nous avons là, avec les marqueurs de la maison (agrumes et autres fruits). Néanmoins, il nous a manqué un petit quelque chose à cette dégustation pour aller plus haut.
Notre note : 82

 

Le Bellevue d’Excellence Rhum

Ca y est, nous avons enfin dégusté un Bellevue 1998 ! Et c’est une sélection Excellence Rhum, que nous apprécions généralement, destinée comme souvent à un public averti et à l’aise avec les hauts degrés. Le packaging et la bouteille sont réussis (comme à chaque fois), même si, et nous l’avions déjà évoqué lors de la note sur le Foursquare et le Fidji, le prix de sortie à 150 euros peut sembler un peu trop élevé. Voyons voir ce que donne ce Guadeloupéen dans le verre.

Les caractéristiques
Degré : 59,9%
Intégration de l’alcool : Moyenne
Age : 19 ans
Vieillissement : 10% tropical/90% continental et ex-bourbon
Particularités : brut de fût et single cask
Fiche RTN

 

Au nez, et même si nous ne savons pas exactement d’où vient ce rhum, cela ressemble à un profil connu : le boisé et la torréfaction (chocolat noir) se mêlent à une petite dose d’épices (muscade et vanille) et à des fruits gourmands (fruits tropicaux et pruneaux). C’est assez pêchu mais c’est élégant et très agréable.
La bouche est exactement dans la même veine, avec un boisé assez vif, qui s’accompagne d’épices plus puissantes qu’au nez (muscade et piment) : on est sur bouche pas facile d’accès, intense et puissante. Nous avons toujours ces fruits tropicaux et ces pruneaux très sympathiques pour adoucir le tout. Dommage que nous ayons ce petit pic d’alcool et de puissance car le profil est vraiment intéressant.
La finale est assez longue, sur le boisé et la vanille.

Belle dégustation, un petit peu ternie par ce manque d’accessibilité, mais qui ne gâche pas le plaisir.
A ne pas mettre dans tous les verres, mais à goûter, au moins, pour les amateurs de ce mix de fruits et de bois.
Notre note : 88

 

Conclusion

Trois dégustations agréables, qui ont toutes en commun cette touche fruitée qui pourra plaire aux amateurs du genre. La Guadeloupe n’a pas d’AOC, et peut donc proposer des profils un peu plus différents en fonction des maisons. Cette plus grande liberté a des désavantages, mais permet aussi de proposer des produits singuliers.
Bravo à ces trois embouteilleurs français pour la mise en avant du patrimoine rhumier Guadeloupéen !

Note : Merci à Ted pour la très belle photo du Bellevue 🙂

 

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