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Une nouvelle distillerie qui arrive en Martinique, c’est toujours un petit événement ! Située à Grand-Rivière, ville le plus au nord de la Martinique, nous avons suivi (comme beaucoup à priori 😉 ) l’émergence de cette nouvelle distillerie via les réseaux sociaux.

Arthur de Lucy, son propriétaire, a accepté de dévoiler un petit peu l’envers du décors de la renaissance de cette vieille dame.

L’Habitation Beau-Séjour, c’est à la fois une histoire ancienne et nouvelle. Pouvez-vous nous éclairer ?

Les premières traces de l’Habitation Beau-Séjour remontent aux années 1670. Plusieurs propriétaires se sont succédé depuis. Mon arrière grand père a acheté l’habitation en 1928 à la famille Knight. C’est Monsieur le Sénateur Knight qui avait, fin 1800, transformé la sucrerie en distillerie. Ma famille n’a fait que continuer et améliorer son oeuvre.

En 1958 nous avons arrêté la distillation pour la remplacer par la culture de la banane (plus rentable à l’époque). Les temps changent à nouveau et mon père décide en 2007 de revenir à la canne à sucre, que nous vendions d’ailleurs à d’autres distilleries. Nous cultivons désormais cinq variétés différentes, avec principalement de la canne bleue et de la canne rouge. 

Les bâtiments agricoles s’étaient retrouvé peu à peu inoccupés et en manque d’entretien. Ce qu’il faut mieux comprendre c’est L’idée de ré-ouvrir la distillerie est donc à la base patrimoniale car nous nous sommes posé la question : que faire de ces bâtiments historiques ? Nous avons de la place, nous avons de la canne, ré-ouvrons la distillerie ! Nous travaillons depuis 2018 sur le dossier administratif et nous avons commencé à distiller depuis janvier 2020.

Vous avez pris les commandes de HBS depuis peu, mais êtes-vous un «nouveau venu » dans l’univers du rhum ?

Tout à fait nouveau ! Intéressé, quand j’étais petit, par ces usines fabriquant du rhum, maintenant passionné. On connait tous le rhum à la Martinique, c’est inscrit dans notre ADN, mais de la à le fabriquer, et un bon si possible, c’est une autre histoire. 

J’ai pas mal lu, écouté, visité, appris, et, finalement, on y arrive. Ce n’est que le début, il y a encore beaucoup de choses à améliorer, mais je suis assez content, et bien entendu toujours ouvert à de nouveaux conseils.

Le rhum martiniquais est déjà bien représenté. Que souhaitez-vous apporter dans ce paysage ?

Un rhum historique, en alambic, comme à l’époque. Une belle histoire, un petit morceaux de la culture martiniquaise. Je ne prétends pas devenir le meilleur, c’est impossible, et surtout tellement subjectif. Ce projet est à la base patrimonial, le simple fait de sentir les odeurs et de voir ces bâtiments revivre m’enchante. Si en plus on peut sortir un rhum sympa, facile à boire, ce serait génial. Vu nos petites quantités produites on sera toujours les petits derniers perdus dans le Nord !

Vous faites le choix de la distillation en alambic, et donc de vous priver de l’AOC. Comment en êtes vous arrivé à ce choix ?

Je réponds toujours la même chose cette question : l’AOC Rhum Martinique est une vraie force pour l’île, un gage de qualité, et c’est grâce aux « grands rhumiers » que la Martinique est aujourd’hui connue dans le monde. Ils ont fait un travail titanesque et nous ne pouvons que les remercier pour cela. Ils ont également protégé leurs méthodes, ce qui est tout à fait normal.

Mais le cahier des charges à respecter est très important et financièrement hors de mes moyens. Nous avons donc voulu commencer petit. Pour la suite, nous verrons : si ça marche pourquoi ne pas faire de l’AOC ?

Le rhum martiniquais bénéfice du développement du spiritourisme. C’est envisageable pour une habitation qui se trouve au bout du monde… martiniquais ?

Oui le tourisme est clairement un axe de développement, pour l’habitation, et pour la commune de Grand Rivière. 

Grand Rivière est un destination à part entière. On décide de monter à Grand Rivière, ce n’est pas un lieux de passage, mais un lieux où les gens s’arrêtent et donc profite du cadre et des activités. C’est une chance !

Quels sont vos projets pour les mois à venir ?

Plus que des projets plutôt un calendrier :

  • début du vieillissement en mars 
  • premières bouteilles de blanc en mai 
  • inauguration et ouverture du musée en mai (quand nous aurons des bouteilles à boire 🙂 )
  • travailler sur la distribution ensuite.

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