Il est souvent compliqué de mesurer l’effet du vieillissement sur un rhum. Cette question, centrale dans le marketing et dans l’appréciation (réelle ou influencée) d’un produit, a été très souvent traitée. Nous nous sommes également penchés sur la question, avec trois dégustations lors desquelles nous avons tenté de mesurer l’apport du vieillissement.
L’adage voulant que « le vieillissement apporte, le vieillissement retire – traduction de « aging gives, aging removes » – se vérifie très facilement avec, bien évidemment, des différences plus que notables entre un rhum blanc et un rhum vieux.
Longueteau, la première étape :
Pour cette première note de dégustation, nous avons décidé de nous intéresser à la distillerie Longueteau avec son brut de colonne et son brut de colonne-brut de fût (une double brute quoi). Avec le Genesis Blanc (73,5%), Longueteau nous propose l’expérience d’un brut de colonne agricole distillé a partir de Canne Rouge (la parcelle 9, récolte 2015) et reposé pendant deux ans dans des cuves en Inox. En face, nous retrouvons la version ambrée (72,3%). Le jus a ici passé deux ans en fûts de chêne neufs, ce qui en fait un brut de colonne embouteillé brut de fut. On prend les mêmes ingrédients et on recommence, de la canne rouge issue de la même parcelle mais cette fois-ci le repos se fera donc en fûts. Le rhum perd un petit degré au passage et est d’une jolie couleur paille.
L’expertise en blanc de Longueteau va-t-elle se confirmer ? Le repos en fûts de chêne est-il préférable au repos en cuve ? Qui du Genesis blanc ou de sa version ambrée nous a fait le meilleur effet ?
Le nez :
On attaque par le Genesis blanc et , pas de surprise, le nez est sur la canne, la canne et encore la canne. La canne est ronde, beaucoup de douceur s’échappe du verre, mais elle est aussi très fraiche, herbacée, végétale ! On est aux Antilles, dans un champ de canne, entre la chaleur et les alizés. Du coté du Genesis ambré,le nez est doux, ce qui est assez surprenant au regard du degré affiché. On est sur une canne chaleureuse, gourmande. La canne perce tout de même un peu et amène son lot de fraicheur et de végétal (foin, paille).
La bouche :
Malgré la présence de l’alcool – le jus titre tout de même à plus de 73° -, l’attaque reste relativement douce. La bouche dégage beaucoup de chaleur, elle rejoint le nez et la douceur initiale laisse place à plus de caractère, avec un aspect végétal plus marqué et des épices qui apparaissent sur la fin (poivre). Pour la version vieillie, l’attaque en bouche est explosive, on a la sensation que les arômes emplissent chaque recoin de la bouche avec beaucoup de chaleur. Le bois apporte une certaine complexité au rhum avec beaucoup de gourmandise (caramel)
Finale :
La finale dans les deux cas sera longue et restera dans la lignée de la dégustation : canne fraiche, végétale et finement poivré pour le blanc alors que la version ambrée nous amènera sur des notes plus chaleureuses, un boisé élégant, et gourmandes avec une légère astringence en fin de bouche.
Le blanc, l’ambré ou les 2 ?
Longueteau nous propose avec son blanc un beau produit de terroir. On ressent a la dégustation tout le travail de repos en amont pour proposer un produit équilibré, exigeant et sans fausse note. L’ambré est une version séduisante du brut de colonne, les deux années passées en fûts lui apportant chaleur et complexité.
La dégustation croisée est intéressante sur ces rhums, car elle permet de mettre en évidence l’effet de deux années passées sous bois pour un même jus (même canne, même parcelle).
Notre note pour le Genesis blanc : 87
Notre note pour le Genesis ambré : 82
La suite, c’est par ici…
Note : dégustation et note par Pierre, Yessod et Simon.
Bonjour,
Ces trois articles sont très intéressants. J’ai beaucoup appris sur les effets du vieillissement.
Pour cette première comparaison et pour l’avoir faite, je suis arrivé à une autre conclusion. J’ai préféré le blanc. L’ambré est étonnant, mais je trouve que l’on ne retrouve pas suffisamment le Genesis blanc dedans. Effectivement, ils sont très différents, mais pas que par le vieillissement, il y a aussi le repos qui est très important. Le brassage en cuve inox a apporté une intégration de l’alcool qui sublime le blanc et que l’on ne retrouve pas du tout dans l’ambré puisqu’il n’en a pas bénéficié.
La première dégustation du Genesis ambré, m’avait un peu déçu pour cela justement.
C’est très intéressant de voir une autre vision d’une même dégustation.
Bonjour Régis,
Merci pour ton commentaire, cela renforce notre motivation.
C’est intéressant de savoir que tu as aussi fait cette dégustation comparée. De notre côté, nous avons essayé justement de ne pas nous focaliser sur les marqueurs du blanc mais bien de les prendre indépendamment.
A bientôt,
Simon