Cela fait quelques jours maintenant que l’on a vu arriver des images de la distillerie Papa Rouyo sur les réseaux sociaux. Nous avons voulu en savoir plus et nous avons pris contact avec Xavier, le fort sympathique ambassadeur de la jeune distillerie. Nous partons donc ensemble à Goyave (attention à la prononciation si vous croisez Christian de Montaguère), Guadeloupe, en compagnie de Xavier et de sa collègue Chloé.
Une création de distillerie, ce n’est pas tous les jours que ça arrive, vous pouvez nous en dire plus sur les personnes derrière ce beau projet ?
Le projet Papa Rouyo est né de la volonté commune d’un collectif de planteurs – que l’on aime à surnommer nos « maîtres canniers » – de magnifier leurs cannes pour en faire un produit qui reflète le terroir où elles poussent. L’origine du nom remonte à Charles Albert Ruscade, surnommé Papa Rouyo et aïeul de Messieurs Galli, cofondateurs de la distillerie avec les planteurs Tim Synesius et Jean-Marie Gobardhan. C’est cette dynamique commune qui nous a poussés à nous lancer dans l’aventure. Nous souhaitons désormais partager les valeurs de Papa Rouyo, et évidemment rendre un double hommage à l’héritage familial et à la transmission d’un savoir-faire traditionnel de la culture de la canne en Guadeloupe.
Pur jus ou mélasse ? Alambic ou colonne ? Vous pouvez nous parler un peu du rhum que vous allez proposer ?
Nos rhums sont des rhums agricoles, et donc réalisés à partir de pur jus de canne. En parallèle, Papa Rouyo signe le retour à une technique de distillation ancestrale dite « discontinue », à savoir l’alambic charentais. Cette méthode nous demande beaucoup de temps et d’attention : environ 8h par passe et 16h pour une distillation complète. La double distillation nous permet d’opérer des coupes (têtes et queues de distillation) lors du passage dans les deux alambics afin de ne garder que le cœur de chauffe, la partie la plus pure du distillat. Nous sommes fiers du fait que le rhum Papa Rouyo est aujourd’hui le seul en Guadeloupe à être produit dans un alambic à repasse, sans colonne rectificatrice. Nous aurons, cet été, la sortie de nos deux premiers rhums : un rhum blanc, pur jus de canne distillé en alambic et un autre, élevé-sous-bois qui sera un assemblage d’une sélection rigoureuse de cinq rhums agricoles distillés en Guadeloupe puis vieillis dans des fûts au sein des chais de la distillerie. Comme vous le voyez, nous sommes déjà en train de penser à la suite et aux prochains projets et rhums.
Super, et vous avez une idée des cannes que vous allez proposer ?
Nous cultivons trois variétés de cannes pour le rhum blanc : la canne rouge (R579), la canne bleue (B69.566) et la canne matos (B80.0689), une variété moins répandue dans les Caraïbes.
Vous arrivez sur un marché en pleine expansion, mais également occupé par des acteurs bien implantés : comment faire pour se démarquer ?
Nous avons souhaité créer un véritable univers autour de Papa Rouyo, où l’ingrédient-clé est le temps. En effet, de la culture de la canne jusqu’à la mise en bouteille, nous souhaitons valoriser la matière première et le savoir-faire de nos planteurs en prenant le temps pour réaliser chaque étape du processus dans ses moindres détails : connaissance de la géologie des sols de la Grande-Terre, maitrise des méthodes culturales comme la coupe manuelle de la canne longue, fermentation longue, double distillation et réduction lente. Nous ne cherchons pas nécessairement à faire mieux, mais à apporter une nouvelle interprétation du formidable terroir qu’offre la Guadeloupe. Notre spécificité réside aussi dans le profil de nos rhums qui présentent une aromatique précise, fine et intense qui, nous l’espérons, plaira à tous les amoureux du rhum.
Le spiritourisme devient un élément important, sera-t-il possible de venir vous voir dans un futur proche ?
A l’instar des autres distilleries guadeloupéennes, nous constatons bien sûr un engouement et une demande croissante pour le spiritourisme. Il nous paraissait primordial de créer une offre réceptive la plus complète possible dès cette année en parallèle du lancement des premiers rhums Papa Rouyo. Notre distillerie, située à Goyave en Basse-Terre, dispose d’une salle de dégustation et nous allons également mettre en place des visites sur réservation. L’idée est de faire vivre l’expérience Papa Rouyo au plus grand nombre, qu’il s’agisse de touristes de passage, de professionnels du secteur ou de locaux en quête de nouveautés.
Enfin, à quand les premières bouteilles ? Seront-elles disponibles en métropole ?
Les premières bouteilles Papa Rouyo sortiront en série limitée dès juillet 2021 et nous travaillons actuellement aux modalités de notre offre en métropole.
Merci beaucoup à toute l’équipe de Papa Rouyo d’avoir accepté de répondre à nos questions, nous vous souhaitons le meilleur dans cette belle aventure ! La dégustation du Rejeton est ici.
Note : crédit photo de couverture Ted Kent
One Comment