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Parmi les grandes interrogations de la fin d’année 2020 dans le petit monde du rhum, l’une d’entre elles revenait sur toutes les lèvres : allait-on trouver des bouteilles de l’embouteillage commun Neisson-Velier ? En effet, à notre connaissance, il n’y en a pas eu en métropole, ce qui doit être une première pour une bouteille de chez Neisson. Bouteille qui s’est d’ailleurs parée de noir, tout en mettant de côté les plus que fameuses zépol carrées, ce qui a pu troubler les fans de la maison du Carbet.
Dans les bouteilles, trois rhums de quatre ans, dont le nom officiel est « 2016 Villa Paradiseto » (ce qui est bien mieux qu’un 3ème VSOP), issus chacun d’un chai différent. L’idée de Luca Gargano et de Grégory Vernant était de montrer qu’en partant d’un même rhum blanc, tous les éléments avaient une importance dans le processus de vieillissement, ce qui est une idée intéressante, même si les différences auraient sûrement été plus flagrantes après un vieillissement plus long. Nous serions par ailleurs curieux de goûter deux fûts voisins au sein du chai et voir si des différences apparaissent également.

Mais trève de bavardage, voyons maintenant ce que nous réserve la dégustation, faite avec Pierre, sans définir d’ordre spécifique, et que nous vous proposons par ordre de préférence.

 

Neisson 2016 – chai Adrien

Degré alcoolique : 55,8%
Intégration de l’alcool : Excellente
Age : 4 ans
Particularité : Brut de fût
Caractéristiques du chai : 76% d’humidité à 27,4°
Fiche RTN

Au nez, l’ouverture est toute douce, sur un miel léger et aérien. On a ensuite une petite note boisée, très légère et diluée. Avec de l’ouverture, la fraîcheur arrive (agrumes ou fleurs ?) avant que le végétal de la canne, accompagnée de résine, clôture le bal. C’est un nez élégant, tout en douceur.
En bouche, c’est totalement différent, avec des épices (cannelles, muscade et vanille), une note de noix et le même boisé que celui que nous avions pu sentir au nez. Malheureusement, cette bouche est bien trop fondue, trop peu puissante et pas très réussie.
La finale est courte, sur un retour du miel et des épices.

C’est une déception ici, avec une bouche pas au niveau de ce à quoi nous avait habitué Neisson, et le dont le nez agréable ne suffit pas à faire la différence.
Notre note : 77

 

Neisson 2016 – chai Vevert

Degré alcoolique : 56,8%
Intégration de l’alcool : Excellente
Age : 4 ans
Particularité : Brut de fût
Caractéristiques du chai : 82% d’humidité à 25,5°
Fiche RTN

Le nez est très similaire à celui d’Adrien, avec la douceur d’un miel un peu rustique (comprendre qu’il y a un côté sève autour) qui s’accompagne d’une pointe florale, très légère. En fin de nez, on sent la noix faire son entrée en scène. Si le nez est assez similaire à celui d’Adrien, il est moins expressif, moins fringant, moins réussi. Et cela nous inquiète.
Par contre, la bouche est plus agréable, puisqu’un boisé nous surprend, agréablement, dès la mise en route. Des épices font leur apparition, et ils s’accompagnent de fruits tropicaux (papaye) et d’un tabac. C’est bien fait, avec un découpage aromatique intéressant.
La finale est assez agréable, sur le tabac et la noix.

Ce chai Vevert est paradoxal lui aussi, avec un nez vraiment peu attrayant, mais une bouche plus sympathique. Néanmoins, nous ne sommes toujours pas dans la folie Neisson.
Notre note : 80

 

Neisson 2016 – chai Mainmain

Degré alcoolique : 54,1%
Intégration de l’alcool : Excellente
Age : 4 ans
Particularité : Brut de fût
Caractéristiques du chai : 77% d’humidité à 27,7°
Fiche RTN

Ah, ce nez est clairement le plus agréable des trois ! Une petite douceur, sur la menthe et le citron, s’échappe avec allégresse du verre. La gourmandise de la vanille pointe son nez, avec les mêmes fleurs que pour Vevert, et, avec de l’ouverture, les fruits à coques que l’on retrouve assez souvent chez Neisson. On a ici le nez le plus réussi des trois.
En bouche, le boisé est plus classe que chez Vevert, les épices plus douces (réglisse, cannelle), et le café, ainsi qu’une petite pointe de chocolat, clôturent cet agréable moment. Ce chai Mainmain affiche une belle complexité, ainsi qu’une concentration appréciable.
La finale est assez longue, sur le boisé et le réglisse.

Eh bien il était là le meilleur chai (pour nous) ! Cette version est juste plus élégante, plus goûtue et plus longue que les autres. Même si on n’atteint pas la réussite du Chai (l’embouteillage LMDW pour le Whisky Live 2019), c’est un bon Neisson que nous avons là.
Notre note : 86

 

 

Conclusion

Avec un seul rhum sur trois qui a su nous faire plaisir, il faut avouer que nous sommes plutôt déçus. Un embouteillage commun entre Neisson (que nous considérons parmi les toutes meilleures distilleries du monde agricole) et Velier (qu’on ne présente plus), aurait dû donner trois rhums de fou. Hélas, selon nous, il n’y avait pas forcément besoin de proposer les 3 chais ici. Mais la faute va-t-elle au chai, ou aux futs qui étaint de moins bonne qualité ? Nous ne le saurons jamais, mais nous pensons juste que la course à l’innovation ne doit pas se faire au détriment de la qualité des jus.
Rappelons juste que tous ces commentaires n’engagent que nous et que chaque dégustateur aura son ressenti.

Note : merci à François pour les samples et les photos 🙂

 

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