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Chaque année, nous attendons, au début de l’été, les nouveautés Habition Velier entraperçues au Rhumfest. Mais, en cette année si particulière, nous n’avons pas pu goûter les nouvelles trouvailles de Luca Gargano.
Nous plongeons donc dans le vide avec ces trois embouteillages : un petit nouveau, l’américain Privateer, un classique avec Mount Gay et la grosse attente annuelle avec un nouvel Hampden dopé aux esters.
Nous avons choisi de déguster ces rhums du moins au plus puissants – en esters (et les étiquettes de l’Habitation Velier aident bien pour ça).

 

Privateer 2017 à 55,6%

La grosse curiosité de la série HV 2020.
Un rhum américain, une distillerie méconnue et peu exportée en Europe… Il n’en fallait pas plus pour aiguiser notre attention !
On déguste ici un rhum relativement jeune, puisqu’il n’a que 3 ans. Comme souvent chez Velier, le jus est vieilli sur place (ce qui était une constante chez l’embouteilleur italien, même si on a pu assister à quelques entorses récentes). L’étiquette, complète, nous indique une part des anges de 11% : le Massachusetts n’est pas sous les tropiques et les anges du nord est des Etats-Unis sont moins gourmands que ceux de Jamaïque.

Au service le nez est très alcooleux et il faudra lui laisser une bonne demi-heure d’aération pour qu’il s’ouvre à nous. On est tout d’abord sur un jus frais, avec des notes végétales et herbacées. Ensuite, c’est la vanille qui va largement dominer les débats. Celle-ci est très présente, presque chimique. Puis arrivent enfin quelques notes de tabac et un peu de coco. Un nez très Foursquare, mais avec une un alcool trop présent.
La bouche est vive, le rhum est jeune. Les arômes sont un peu les mêmes qu’au nez, la vanille est présente et s’accompagne d’un boisé qui fait son apparition avec des notes de tabac. L’alcool reste encore trop gênant pour rendre cette dégustation vraiment plaisante.
La finale est relativement courte.

Velier nous propose ici une « world premier » pas complètement aboutie : un jus qu’on attendait sur le terrain de l’originalité et qui s’avère très classique, sans apporter de grandes sensations dans le verre. Même si nous n’aimons pas juger le prix d’un rhum, difficile de conseiller de dépenser 100€ dans ce Privateer 2017. Une distillerie que l’on attendra sûrement un peu avant de redécouvrir.
Notre note : 70

 

Mount Gay 2011 à 52,3%

On arrive maintenant sur un terrain déjà exploré par l’Habitation Velier, avec un nouvel embouteillage de chez Mount Gay, qui quitte l’appellation Last Ward pour l’occasion. Berceau du rhum si l’en est, la Barbade a coutume de nous proposer des rhums gourmands, équilibrés et souvent qualitatifs.

Nous avons ici à faire à un nez très séduisant, gourmand. On distingue des notes végétales, type résine ou sève, puis un joli boisé sur le tabac blond accompagné par un vanille riche et quelques notes de fruits secs.
En bouche les notes de vanille et de coco se disputent le premier rang. On retrouve ensuite ce beau boisé et des notes de torréfaction.
Ce rhum est plus sec que ce que le nez ne laissait présager même si l’alcool est particulièrement bien intégré.

Pour conclure, nous avons ici une belle expression de ce que peut nous offrir le terroir de la Barbade. Très classique (trop ?) mais efficace.
Notre note : 78

 

Hampden C<>H 2010 à 68,5%

Alors que certains embouteillages Habitation Velier comme les Last Ward ou les Worthy Park restent longtemps disponible sur les étagères des cavistes, il faut jouer des coudes et du réseau pour mettre la main sur les derniers Hampden de l’embouteilleur génois.
Nous avions déjà parlé des conditions de sortie de ces bouteilles lors de la note du HGML l’an passé. Rien de nouveau sous le soleil, si ce n’est une augmentation du prix de 27% par rapport au HGML. Les revendeurs sur les réseaux sociaux semblent toujours mieux servis que les cavistes, et les bouteilles deviennent des licornes avant même leurs sorties en France.
Pour revenir à l’objet de cette note, ce C<>H a des watts (68.5% !), des esters, et on a un peu peur d’avoir un rhum quasi expérimental dont on se demande s’il va être buvable. Mais la vérité est dans le verre, donc place à la dégustation.

La première chose qui frappe est l’intégration de l’alcool et le nez est particulièrement gourmand : vu le pedigree de la bête, c’est carrément bluffant. On retrouve les marqueurs attendus de la distillerie avec des notes pâtissières, une amande bien grasse, beurrée, rappelant la frangipane, des fruits vraiment murs (autour de l’ananas rôti et de la mangue).
En bouche, c’est un wow ! qui ouvre le bal : quelle gourmandise, là encore, on se répète, mais une telle intégration de l’alcool, c’est un tour de force. Toujours ce va et vient intense entre les fruits (banane trop mure) et les notes pâtissières. On trouve également des notes de saumure d’olive, mais ici bien moins présentes que sur d’autres embouteillages de la marque, et qui n’altèrent en rien la gourmandise de l’ensemble. Enfin, un beau boisé accompagne le tout, ajoutant de la complexité à l’ensemble.
La finale est interminable sur des notes de fruits confits.

Un magnifique rhum, très concentré, qui rejoint sans rougir ses illustres prédécesseurs que sont le HGML ou le H sorti dans la série Warren Kong : il serait intéressant de les comparer à l’aveugle ces trois-là !
Notre note : 88

Conclusion

Une série qui souffle le chaud et le froid, avec un Hampden qui assume les attentes placées en lui, un Mount Gay fidèle à ce qu’on pouvait en attendre et un Privateer qui aura le mérite de la nouveauté mais qui reste, pour nous, pas assez abouti, mais dont on pourra suivre l’évolution.

 

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