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Suite de nos impressions sur les incontournables du Whisky Live avec La maison Velier, qui nous a proposé un stand très fourni : Clairin, Clairin Ansyen, Grog du Cap Vert, Caroni. Mais aussi un nombre impressionnant de Jamaïcain high esters* qui vont particulièrement nous intéresser ici. Après Worthy Park, Hampden chez Habitation Velier, Long Pond dans la gamme National rum of Jamaica, le nouveau jouet de Luca Gargano s’appelle Monymusk. Ce n’est pas moins de sept références de la distillerie du sud de la Jamaïque qui sont présentées ici, au sein de quatre gammes différentes (il est important de prendre son plan). Petit avertissement, même si c’est un style que nous apprécions, ce type de rhum « heavy » est sûrement le rhum le moins adapté à une dégustation en salon car il nécessite un temps d’aération et qu’il est assez marquant, pour le verre et pour le palais.

 

Nos coups de cœur :

Alors que nous attendions beaucoup (peut être trop) de la gamme « Paradisetto », avec notamment le Savanna 1999, deux quilles que l’on n’attendait pas ont retenu notre attention. Tout d’abord le Monymusk 2010 MBS 62% dans la gamme National Rum of Jamaica Ltd. MBS est la mark la plus légère chez Monymusk, et nous y avons retrouvé un beau fruit exotique, compoté, au nez et en milieu de bouche, et une finale plus herbacée qui lui confère une certaine légèreté. Notre second coup de cœur n’était pas présenté sur le stand Velier mais sur celui d’Hampden puisqu’il s’agit du Great House Distillery edition 59%. Ce dernier était présenté avec la gamme permanente, et nous avons entendu plusieurs sons de cloche quant à son caractère exclusif (on annonce tout de même près de 3000 bouteilles) mais, en tout cas, il s’agit d’un beau blend charpenté au DOK, le rhum le plus lourd d’Hampden. Le nez était relativement fin et floral, l’attaque en bouche pâtissière et gourmande avant de laisser place à un coté fruité plus funky et une finale concentrée sur les fruits et la vanille. Deux références qui nous ont plu et qui, cerise sur le gâteau, sont proposées à un tarif relativement abordable (PVC 103€ pour le Monymusk et 89€ pour le Hampden). Un petit mot également sur le OWH, mark la plus basse en ester de chez Hampden, qui était une édition très limitée pour le salon et qui proposait une belle expérience avec un rhum jamaïcain moins acide, et plus fruité. Agréable.

 

Pierre

Enfin, comment ne pas parler du Caroni « The Last » ? Il a, en effet, été un des rhums les plus appréciés, en tout cas autour de nous sur le stand, du week-end. Nous restons des amateurs « modérés » de la marque Trinidadienne, réputée pour ses notes pétrolifères, mais celui-ci nous a mis une jolie claque. Le coté hydrocarbure propre à la maison est présent en filigrane, il est structurant, mais laisse toute leur place aux fruits exotiques (mangue, passion, ananas rôtie) et la finale sur la banane a joliment conclut cette dégustation.

 

Tropical, continental ou les deux ?

Et Velier répond : les deux.

Après nous avoir fait voyager dans les esters de Long Pond l’année dernière (la fameuse série du Vale Royale au Long Pond 2007), Luca Gargano nous propose une nouvelle attraction : il est désormais possible de faire une dégustation comparative de « mêmes » rhums vieillis dans des conditions différentes (NB : pour la version EMB les deux blend sont différents). Le tout est proposé en collaboration avec le broker néerlandais E&A SCHEER, ce qui a pu en étonner certains lorsqu’on connait le combat de Gargano sur le vieillissement tropical. Le premier constat est visuel : les rhums avec un vieillissement continental sont très clairs tandis que les tropicaux arborent un bel acajou. A la dégustation, les rhums sont plus frais et végétaux sur le vieillissement continental et plus lourds et fruités pour le tropical ; mais aucun des quatre ne nous a transportés. Dans cette dégustation partagée avec Yann Lef des Compagnons du Rhum, une petite préférence pour L’EMB version continentale et le MMW version tropicale.

L’expérience est tout de même intéressante. Ce qu’il faut retenir c’est avant tout l’énorme différence de résultat (le reste est une affaire de goût, et effectivement il y en a pour tous les goûts) car il n’est pas sûr que l’on puisse relier les rhums dans une dégustation à l’aveugle. Néanmoins, il nous aurait semblé préférable de voir ce projet disponible dans un coffret de type 4*20cl afin de pouvoir rééditer cette comparaison, à la fois pédagogique et ludique, pour un investissement plus raisonnable.

 

Luca Gargano avant la masterclass. Pierre

 

La rencontre

Après Neisson, nous avons eu la chance d’écouter Luca Gargano en toute fin de journée, pour conclure en beauté un week-end chargé (et pas qu’en esters). Cette fois, beaucoup de monde se pressent devant la salle de conférence, réputation du mister oblige. Nous l’avons écouté refaire l’histoire du rhum Jamaïcain et ses techniques si particulières (la masterclass est disponible sur le Facebook du Whisky Live et pour approfondir le sujet le site Durhum.com propose plusieurs articles exhaustifs). Niveau dégustation, nous avons retrouvé quatre rhums déjà vus sur le stand (Monymusk 2010, Worthy Park 2007 WPL, Hampden Great House puis le Long Pond 2007) et si la banane typique de Worthy Park est toujours aussi séduisante, à cet instant nous frisons l’overdose.

Le clou du spectacle arrive et il s’agit d’une belle surprise : un Monymusk (présenté comme un Appleton) MMW 1984, sous la gamme « rum sapiens ». 35 ans de vieillissement tropical, avec une part des anges qui s’élève à 8% par an dans les Caraïbes, cela revient à 95% du jus qui s’est évaporé lors du vieillissement. Il ne reste donc plus qu’une essence du rhum. Pas plus d’info sur le nombre de bouteille ni sur le prix mais, vous l’aurez compris, il y en aura logiquement très peu.

Mais assez de math, place à l’émotion, nous sommes forcément contents de goûter un tel rhum, avec une pointe de regret : nous aurions aimé lui faire honneur, jouer avec de longs instants, bien avant de le déguster confortablement installés. Il en résulte un rhum forcément boisé, très concentré, complexe et d’une grande longueur. Ce qui est étonnant c’est que les esters étaient toujours bien présents.

Un rhum plein de promesse et de potentiel sur lequel nous auront peu de chance de remettre la main… Une licorne de plus, mais au moins nous l’avons goutée !

* Pour nous y retrouver parmi les différentes marks propres à chaque distillerie, voici un petit tableau qui aura plus une valeur de hiérarchisation qu’une valeur scientifique :

 

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