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Caroni ne laisse personne indifférent dans le monde du rhum… Forcément, la fermeture définitive de la distillerie au début des années 2000 lui confère une aura particulière et, même si la source semble prendre son temps pour se tarir, on arrivera un jour au Last Caroni, le vrai. Cette fin programmée est regrettable, car les Caroni ont un goût reconnaissable entre mille. Caroni ce sont des notes pétrolifères caractéristiques et on aime ou on déteste. Ce sont des rhums qui, forcément, intriguent et que l’on a envie de gouter… mais tout le monde n’a pas envie de casser son PEL pour le faire.
En effet, il est difficile de parler de Caroni sans parler de prix. Les rhums de Trinidad sont devenus l’emblème de «  l’investissement rhum », avec des prix sur le second marché qui ne cessent de grimper puisque les multiples licornes titillent forcément les collectionneurs. Les rhums que l’on va déguster ici sont issus de la gamme dite classique, qui ont été le moyen pour Velier de proposer les rhums Caroni au grand public. L’idée était de proposer des rhums de 12-15-17 et 21 ans à des prix relativement bas (autour de 45 euros pour le 12 ans par exemple). Ces rhums ont mis du temps à trouver leur public, ils ont été longtemps disponibles dans les caves, avant que la hype Caroni n’emporte tous les stocks sur son passage.
Si nous avons pu trouver ces bouteilles à des prix très raisonnables, il n’est pas rare de voir la 12 ans s’échanger autour de 250 euros et la 17 ans (la plus recherchée des 4) tutoyer les 300. La 21 ans est, quant à elle, encore trouvable en cave, pour peu qu’on ait l’âme d’un chineur, entre 220 et 250€.
Après le contexte, place à la dégustation !

 

Caroni 12 ans

Le nez est sec : les notes d’hydrocarbures prennent immédiatement le pas sur le reste. On retrouve tout de même, dans un deuxième temps, une jolie vanille et quelques fruits (maracuja et abricot sec) qui viennent adoucir l’ensemble.
En bouche, il y a de la puissance, on retrouve toujours ces notes de pétrole (ou de caoutchouc) avec une pointe de fumée, un boisé humide. En fin de bouche des notes d’épices (muscade) et de fleurs apportent une petite douceur bienvenue.
La finale est courte, avec de la fumée et du boisé.

Un rhum très typique qui a ses fans, qui manque un peu de caractère. Il n’est pas forcément destiné aux néophytes de la distillerie.
Notre note : 78

 

Caroni 15 ans

Au nez, on retrouve là encore les même notes pétrolifères et goudronnées que sur le 12 ans, mais beaucoup plus discrètes. On retrouve encore cette note de vanille, qui enrobe d’une belle gourmandise des notes pâtissières et beurrées (brioche).
En bouche on continue sur la gourmandise entrevue au nez, soutenue par la présence de notes de caramel brulé. Viennent ensuite des fruits confits, qui étaient en embuscade, pour conclure sur le caractère résolument gourmand de cet embouteillage.

Un Caroni gourmand et accessible qui, pour le coup, sera une belle porte d’entrée, mais qui peut décevoir les fans de la marque.
Notre note : 81

 

Caroni 17 ans

Après une ouverture du nez fidèle à la réputation de la maison, le voile pétrolifère s’évapore pour laisser place à un beau duo sucre brulé / café. On va trouver également des notes de torréfaction, de tabac et de fruits cuits. Un nez complexe et envoutant qui laisse espérer une belle dégustation.
En bouche, on est accueilli par une texture grasse et chaleureuse. On retrouve toute la complexité du nez, les fruits se font confits autour de l’abricot. Les notes empyreumatiques restent de mise avec une belle fumée. Le bois est présent et soutient le tout dans un bel équilibre.

Deux mots pour résumer cet embouteillage : équilibre et complexité. Ce 17 ans est sans doute le plus réussi de la série et propose une très belle facette de la distillerie !
Notre note : 88

 

Un grand classique

 

Caroni 21 ans

Le nez est dominé par la vanille, on retrouve des marqueurs caroniesque mais il se font discret. Un peu de fraicheur avec une pointe de menthol, des notes de mélasse et un boisé assez sec complète ce nez.
En bouche on retrouve ce profil entre vanille, mélasse brulée et bois, avec, en plus, des notes épicées (clou de girofle) qui viennent complexifier le profil.

Un Caroni complexe mais peut être une peu trop sage.
Notre note : 86

 

Conclusion

Quel dommage que les rhums Caroni fassent l’objet de tant de spéculation ! Les notes de caoutchouc ou d’hydrocarbure sont vraiment typiques et permettent d’élargir fortement les possibilités du rhum. Tout le monde n’aime pas, mais certains Caroni sont très réussis (on pense ici au 17 ans qui est sorti du lot dans cette dégustation), avec un mélange de fruits, d’empyreumatiques et de boisé qu’on ne retrouve que dans les Caroni (en tout cas pour le caoutchouc et les hydrocarbures).
Quand on pense aux prix de sortie de la série dégustée ici, on ne peut que regretter que les vrais amateurs de rhums (ceux qui le boivent) ne puissent pas profiter sereinement des derniers Caroni.

Note : dégustations par Pierre et Ju / photo de Fabien B.

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