Si le nom de Jean Boyer est assez méconnu dans le monde du rhum, il s’agit d’un embouteilleur réputé dans le monde du whisky. Dans la place depuis plus de 50 ans au niveau du malt, cela fait tout de même depuis 2006 que la marque propose des rhums.
Notre dégustation du jour portera sur deux Caroni, deux 1999. Les deux fûts se trouvaient dans les chai de la marque, et ont eu un comportement très différent puisque l’un avait vu un ange très gourmand se pencher sur son cas… Avec la volonté de ne pas frustrer trop de monde, l’embouteilleur a décidé de sortir en même temps un autre fût de la même année, qui avait lui été moins généreux avec les anges. Classe.
Assez peu d’information, donc place à la dégustation de ces deux Caroni par Jean Boyer !
Jean Boyer – Caroni 1999/2024
Degré : 57,2%
Intégration de l’alcool : Bonne
Nombre de cols : 76
Millésime : 1999 – 8 ans tropical et 17 ans continental
Particularités : single cask – fût 198
Nez complexe, qui s’ouvre sur les notes lourdes de chez Caroni (essence puis goudron ensuite, plus agréable). Avec un peu d’aération, le chocolat fait son apparition, avec un pointe de praliné. Heureusement que cesample est celui de la version réduite, car le full proof doit déménager !
La bouche est exactement dans la même veine, et représente vraiment la distillerie mythique : l’ensemble est boisé, torréfié, enveloppant et assez extrême. L’alcool n’est pas gênant du tout, mais on est sur un rhum de fin de dégustation parfait, vu la charge aromatique.
La finale est beaucoup plus sage, sur un petit boisé vanillé très agréable mais un peu court.
On pourrait presque penser à un gros Caroni Velier ! En effet, il est assez proche du 23 ans Guyana Stock, sans être aussi extrême. La dégustation vaudra carrément le détour si vous n’avez pas pu expérimenter la typicité de la distillerie, mais on aurait préféré un peu de diversité dans ce profil. Mais si vous aimez les gros Caroni bien lourd, ce rhum sera parfait pour vous.
Notre note : 83
Jean Boyer – Caroni 1999/2024
Degré : 58,9%
Intégration de l’alcool : Bonne
Nombre de cols : 153
Millésime : 1999 – 8 ans tropical et 17 ans continental
Particularités : single cask – fût 223
Toujours le même esprit garage, avec des notes d’essence mélé au boisé du bureau du patron (celui du garage, bien évidemment). Mais ce nez est plus équilibré que le précédent, avec un peu de douceur (vanille, fruits compotés – pomme rhubarbe), du café et moins de puissance.
La bouche respecte cet équilibre, avec des noix caramélisés qui suivent un premier temps Caronesque et boisé. On sent beaucoup moins de fougue que dans le précédent, et le garage s’ouvre ensuite sur des petits fruits acides (maracuja, cassis) et un beau café au lait.
On retrouve une finale dans la même veine, et c’est très agréable.
Joli rhum, on regrettera uniquement un petit manque de complexité et d’amplitude, car ce rhum est beaucoup plus dans nos goûts !
Notre note : 88
Conclusion
Eh bien, il peut être surprenant que deux rhums si proche sur papier puisse être aussi différent. Mais, d’un autre côté, est-il si étonnant que le fût qui a eu beaucoup plus de perte soit plus concentré ? Non, pas tellement, puisqu’on sait qu’un fût non ouillé (donc non re-remplit) sera plus boisé car plus oxygéné.