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Dégustation du jour : les clairins vieillies intégralement en ex-fût de xérès, avec le Sajous et le Vaval & Casimir !

Lors de sa masterclass au Whisky Live 2021, sur le thème du vieillissement, Luca Gargano avait insisté sur sa volonté de maitriser l’ensemble de la production, de la distillation aux fûts. Velier souhaite donc produire son propre xérès pour garantir la qualité des fûts qui seront ensuite utilisés pour faire vieillir ses rhums. Les vieillissements (ou les finitions) en fût de sherry sont très courants dans le whisky mais ils sont plus rares dans le rhum, car le principal souci, pour les maitres de chais, est qu’ils n’ont pas toujours de visibilité sur la qualité et l’origine des fûts. Pour en revenir à Velier, plusieurs projets sont en cours autour de cette idée de maitrise et d’essais sur les fûts, d’ailleurs, durant la masterclass de 2021, nous avons pu goûter un rhum de chez Providence et un autre de chez Hampden issu de fûts ex-sherry. Ces deux jus étaient en cours de vieillissement et ne seront, de l’aveu du Luca, jamais commercialisés en l’état, mais cela illustre parfaitement son intérêt pour ce type de vieillissement.

Les rhums que nous dégustons semblent être les premiers pas « officiels » de cette démarche, car nous avons dégusté des clairins vieillis intégralement en fût ex-sherry et sous climat tropical. Les fûts, que Velier a acheté à Lustau, contenaient de l’Oloroso (xérès sec et avec moins de 5g de sucre résiduel par litre).
Pour compléter sur ces clairins vieillis, le premier vieux Sajous était déjà issu d’un vieillissement complexe en anciens fûts de rhum Caroni et de single malts. Velier disait sur les salons, il y a quelques années, que le vieillissement gommait la typicité des clairins blancs. On peut supposer que l’embouteilleur génois cherche, avec ses clairins, le meilleur moyen de faire vieillir ses rhums.
Ces vieillissements particuliers peuvent-ils être la solution ? Nous en doutons, tant les fûts ex-xérès sont marquants, mais goutons !

 

Vieux Sajous

Degré : 56,7%
Intégration de l’alcool : Parfaite
Distillation : Pot still
Nombre de cols : 1200
Millésime : 2017 (4 ans)
Vieillissement : tropical et en ex-xérès intégralement (Oloroso)
Particularité : brut de fût
Fiche Rum-X

Il y a d’emblée beaucoup de douceur dans ce nez. De la gourmandise, des fruits noirs (cerises très mûres, cassis). On trouve également un petit boisé qui apporte une légère amertume. Le nez devient ensuite plus épicé (muscade) et chocolaté. Un moment plutôt agréable qui laisse présager une belle dégustation.
En bouche c’est hyper gourmand, le jus est suave et collant. On retrouve la sensation fruitée du nez mais on frise ici l’écœurement. Le bois apporte tout de même un peu d’amertume, qui est la bienvenue. Une certaine âcreté fait enfin son apparition en fin de bouche ; on trouve par exemple des notes légèrement soufrées peu agréables.
La finale est étonnement classique sur la canne avec une longueur moyenne.

Un rhum qui réussit le tour de force d’être à la fois écœurant et âcre, malgré un nez plutôt sympa (ce qui est à souligner) qui sauve un peu la note.
Notre note : 72

 

Vieux Vaval&Casimir

Degré : 50,1%
Intégration de l’alcool : Parfaite
Distillation : Pot still
Nombre de cols : 600
Millésime : 2017 (4 ans)
Vieillissement : tropical et en ex-xérès intégralement (Oloroso)
Particularité : brut de fût
Fiche Rum-X

Ce Vaval & Casimir nous offre un nez plus sombre avec plus de profondeur que le précédent. Le profil est très marqué par les agrumes (confits). Ce nez est gourmand (miel de fleur), mais garde tout de même une belle fraicheur. Un joli boisé-ciré complète le profil.
En bouche, les agrumes sont toujours présents (un peu plus juteux) et on trouve aussi une belle sucrosité sur le jus de canne. Les papilles sont envahies par cette douceur mais ce n’est jamais écœurant. En effet, c’est bien contrebalancé par une petite amertume, portée par des notes médicinales et la fraicheur des agrumes (zest d’orange). Le boisé est discret sur le tabac et la vanille.

Ce vieux Vaval & Casimir est bien plus réussi !
Notre note : 86

Conclusion

Alors, qu’ont donné ces Clairins ex-xérès par Velier ? C’est une sortie en demi-teinte, avec un vieux sajou qui ne nous aura pas convaincu et un vieux Vaval & Casimir bien plus réussi.
Mais comment ne pas conclure, encore une fois, sur la question des prix et la folle spéculation sur ces bouteilles Velier qui sortent autour de la centaine d’euros ? En effet, on remarque que ces bouteilles, un peu plus abordables, sont vite indisponibles et, surtout, plutôt moyennes (on pense par exemple ici aux Beenleigh ou au très clivant – pour être gentil – Mhoba FAQ plastic). Mais elles font pourtant l’objet d’une intense spéculation…
Nous estimons donc que si un quart des acheteurs ouvraient leurs bouteilles, tout le monde se rendrait compte que le prix de sortie était, au mieux, tout à fait juste.

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