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La dégustation du jour porte sur trois rhums de Guyana, mais pas n’importe lesquels : le Rasta Morris 14 ans, l’El Dorado Enmore 96 et le Gus’t les Marrons de la liberté 2002 full proof.

Mais, parlons rapidement de la notation au préalable. En discutant avec Pierre, nous nous sommes rendu compte que nous accordions plus de bonnes notes depuis quelques mois. Bien sûr, les rhums dégustés sont toujours des bons rhums, mais il faut ajouter un autre élément à cet état de fait : nous dégustons maintenant plusieurs rhums. Effectivement, nous avons un thème et nous essayons d’avoir trois rhums à déguster à la suite. Ces dégustations mettent en avant les rhums les plus forts, qui arrivent après les deux premiers et viennent ajouter la petite claque aromatique de l’alcool à des textures souvent plus flatteuses. Ces rhums n’auraient sûrement pas été accueillis, et donc notés, de la même manière si ils avaient été bus sans préliminaire. Néanmoins, nous remarquerons que les rhums dégustés au début, sont, eux, notés « correctement ».

Les embouteilleurs présents

Les rhums de Guyana ont longtemps servi de base au Navy rum, la boisson des marins de l’armée britannique. Ils ont aussi longtemps été vendus en vrac aux brokers européens.
Mais les temps changent, et nous avons ici un embouteillage officiel, qui fait partie de la Rare Collection d’El Dorado, qui est la série haut de gamme de la marque. Cette série est plutôt réussie, avec un vieillissement tropical intégral, et dont les prix, si ils sont élevés, restent plutôt cohérents. Mais, et c’est assez surprenant, l’excellent Albion 2004 a longtemps été disponible par exemple. Nous ne reviendrons pas très longtemps sur le sujet, mais il est toujours étonnant de voir certaines bouteilles de qualité rester sur les étagères alors que d’autres moins bonnes, mais plus hype, n’y arrivent même pas…
Nous aurons également un embouteillage Rasta Morris, dont nous avons brièvement parlé dans le guide des embouteilleurs. Enfin, la dernière bouteille de cette trilogie nous vient du sud de la France, avec le Gus’t ! Derrière ce nom original se cache la gamme d’embouteillages des Caves Conseil, caviste bien connu de la région Paca. Ces bouteilles sont bien connus des amateurs de whisky et de rhum : ces sélections sont pointues et souvent très réussies.  A noter que nous avions dégusté, avec Aymeric, le Blairmont 91 de Velier, mais (et la déception fût de taille) le sample semblait totalement éventé, et la dégustation ne sera pas retranscrite ici.

Enmore 96 – El Dorado

Degré : 57,2%
Intégration de l’alcool : Parfaite
Distillation : Colonne en bois
Nombre de cols : 3000
Millésime : 1996 de 21 ans
Vieillissement : tropical et en ex-bourbon
Particularité : brut de fût
Fiche Rum-X

Le nez s’ouvre sur une très belle gourmandise, d’abord fruitée (rouge et tropicaux) et vanillée. La suite est originale, avec un peu de gomme, de menthe et de résine. Le nez est agréable mais fini presque par devenir un peu linéaire.
En bouche, on retrouve cette gourmandise à l’attaque (mangue, caramel et vanille). La suite est un peu végétale, avec du tabac et de la résine. Enfin, cela évolue en fin de bouche avec du boisé, léger, et du chocolat.
La finale est sympa, assez longue, sur un bonbon à la sève.

On retrouve le profil de l’Albion 2004, en moins réussi, avec ce savoureux mélange de gourmandise et de sérieux. Néanmoins, ce profil devient assez connu pour nous, avec quelques Guyana, Sainte Lucie ou TDL, et cet Enmore ne sort pas particulièrement du lot.
Notre note : 84

Guyana 14 ans – Rasta Morris

Degré : 60,5%
Intégration de l’alcool : Très bonne
Nombre de cols : 129
Millésime : 2003- 14 ans
Vieillissement : tropical et en ex-bourbon
Particularité : brut de fût
Fiche Rum-X

Le nez s’ouvre sur une note très nette de tabac, qui laisse tout juste entrevoir un peu de boisé. C’est ensuite très gourmand, avec du caramel, de la vanille et des noix caramélisées. Le tabac revient après l’aération, pour affirmer son statut d’élément clé.
En bouche c’est la vanille qui ouvre le bal, avant que les épices, un mangue bien mûre et le boisé viennent compléter le tableau. C’est sympa, bien fait, mais sans folie.
La finale est assez classique sur la vanille et le bois.

Un rhum sans fausse note, mais qui manque un peu d’originalité pour aller plus haut.
Notre note : 79

Marrons de la liberté – full proof

Degré : 65,7%
Intégration de l’alcool : Bonne
Nombre de cols : 192
Millésime : 2002- 16 ans
Vieillissement : tropical
Particularité : brut de fût
Fiche Rum-X

Le nez s’ouvre sur une note typiquement Caronesque : le goudron. Celui-ci est léger. Ensuite on trouve une fraîcheur sur la sève, puis les épices (muscade, cannelle). Avec de l’aération, on trouve des notes moins communes, comme le cuir et la fumée de bois. Une très légère point de vanille n’arrivera que bien plus tard.
En bouche, on se croirait vraiment sur un Caroni, bien réussi, avec du goudron, le bois grillé, de la cannelle, de la mangue et une banane (plantain). C’est une bouche tranchante, complexe et complète.
La finale est très longue et vraiment agréable, sur le bois, la cannelle et le goudron.

Ce Marrons de la liberté n’est vraiment pas un rhum à mettre en toutes les mains, en tout cas dans sa version full. Mais, quand le palais est prêt, c’est un rhum de grande qualité, qui tient beaucoup plus du Caroni que du Guyana. On qualifie souvent cette série de Demeroni, et c’est logique. Au moment de l’écriture de ces lignes, la bouteille est encore disponible dans certaines boutiques, au prix de 165 euros. Un Caroni à ce prix-là ? Une affaire à faire.
Notre note : 90

Conclusion

Quelle agréable claque en fin de dégustation ! Nous l’avions évoqué en introduction, les rhums à fort degré bénéficient complètement du nouveau format de dégustation. Comme le Damoiseau 1980, le St James 2008 Velier ou encore le Long Pond 2007, ce Gus’t est un rhum fougueux qui viendra magnifiquement clôturer une dégustation entre amis.

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