Skip to main content

Le monde du rhum est un petit univers assez « sage » où les polémiques sont rares. Néanmoins, en 2018, un dossier de Rumporter a mis à mal la marque Flor de Cana, située au Nicaragua. Nous n’avons donc pas trop suivi la suite des aventures de la marque, n’étant, de plus, pas les cibles de ces rhums, que nous avons assimilé aux rons classiques.
Mais il ne faut jamais dire fontaine je ne boirai pas de ton eau et, au cours de la dégustation des embouteillages Ricci et Rasta Morris, nous avons bien apprécié ces bruts de fûts. Curieux, mais toujours méfiants, nous sommes passé voir le stand de la marque au Whisky Live 2021, et nous avons pu juger sur place de l’importante communication sur l’aspect responsable des rhums Flor de Cana… Avec le souvenir du dossier sur les problèmes rénaux des coupeurs de cannes, nous avons voulu en savoir un peu plus sur la réalité de cet engagement. Simple façade ou réel engagement ?
C’est pour répondre à cette question que nous en avons posé quelques-unes à Antonio Oliveira, qui a bien voulu nous répondre. Nous l’en remercions.

Bonjour Antonio, peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Je suis l’ambassadeur de la marque Flor de Caña pour l’Europe et l’Asie-Pacifique, basé en France. Mon travail consiste à coordonner notre réseau d’ambassadeurs en Europe et en Asie-Pacifique. Leur rôle ?  Partager l’histoire familiale et écoresponsable vieille de 130 ans de Flor de Caña avec les consommateurs et les professionnels du bar et de la restauration. Notre objectif est de leur faire découvrir ce rhum du Nicaragua de qualité et multi-primé, qui est à date le spiritueux le plus durable au monde.

Peux-tu nous parler un peu de l’histoire du rhum au Nicaragua et de la marque Flor de Caña ?

L’histoire de Flor de Caña commence avec Alfredo Francisco Pellas Canessa, un jeune entrepreneur visionnaire, natif de Gênes en Italie. En 1875, à l’âge de 25 ans, il laisse derrière lui sa famille et le confort de l’Europe pour se rendre dans le pays exubérant du Nicaragua, terre de lacs et de volcans.
Après avoir entrepris dans le transport fluvial grâce à des bateaux à vapeur, il se lance dans le projet d’un Canal au Nicaragua. L’Histoire décidera qu’il est plus prudent d’établir ce canal au Panama, car le Nicaragua est placé sur la ceinture de feu du Pacifique. Qui est une des régions volcaniques les plus actives au monde. C’est donc en 1890 qu’Alfredo décide qu’il fera de son plus grand ennemi son meilleur allié.  En explorant le San Cristóbal, le volcan le plus haut et le plus actif du Nicaragua, il découvre les terres les plus fertiles du pays. Ici, il décide de planter des champs de canne à sucre et d’installer un moulin pour la production de sucre. Mais aussi la première distillerie de rhum qui donnera naissance à Flor de Caña.
130 ans plus tard, l’ensemble du processus de production se poursuit. Et toujours dans la même famille car Flor de Caña est présidé par la cinquième génération des Pellas. La marque a conquis tout d’abord le Nicaragua, puis l’Amérique centrale. Aujourd’hui, elle est présente dans plus de 70 pays à travers le monde.

Quelles sont les spécificités techniques de la marque (origine des mélasses, fermentation, distillation, sucre et élevage) ?

Flor de Caña est une exploitation agricole unique. L’entreprise possède et contrôle tous les aspects du processus de production, des champs de canne à sucre jusqu’à l’embouteillage. La mélasse est produite à partir de la canne à sucre récoltée sur le domaine. Jusqu’à 8 variétés de canne à sucre sont utilisées. Cette mélasse est ensuite fermentée avec de l’eau et une levure spécifique produite par l’équipe locale à base de fruits. L’alcool est ensuite distillé jusqu’à cinq fois en colonnes avec une énergie 100% renouvelable. La bagasse est utilisée comme biomasse pour faire fonctionner toute la distillerie mais pas seulement. En effet l’énergie ainsi obtenue représente 60mw alors que la production n’en utilise que 30. Cela permet d’en réallouer une partie à la consommation énergétique du pays.
Le rhum distillé est ensuite mis en vieillissement dans d’anciens fûts de bourbon. Afin de réduire au mieux la part des anges amplifiée par les températures locales, les fûts sont scellés avec des feuilles de plantain du Nicaragua (interstices extérieurs de la partie supérieure du fût – pas de contact avec le rhum). Ensuite le vieillissement est complètement naturel, entre 4 ans et 30 ans, sans ajout de sucre ni d’ingrédients artificiels.
La marque Flor de Caña est fière d’avoir accompli un processus de production durable, qui a été certifié commerce équitable par Fair Trade USA et Carbon Neutral par Carbon Trust.

Parlons maintenant d’un sujet plus sérieux : la situation des coupeurs de canne au Nicaragua. Qu’avez-vous à dire sur le dossier de Rumporter ?

C’est une bonne chose d’aborder ce point, car bon nombre de désinformations ont circulé à ce sujet.
Ce problème de santé est un fléau qui touche toute industrie agricole du pays voire du monde. Il a été identifié dans des industries telles que l’exploitation minière, la production de riz, la pêche et l’exploitation portuaire, dans des pays du monde entier comme l’Inde, le Costa Rica, le Salvador, l’Égypte, le Sri Lanka, le Mexique et les États-Unis. C’est un problème global.
De nombreuses études ont été réalisées, dont plusieurs commanditées par l’entreprise. Mais les causes précises restent encore inconnues de la communauté scientifique. Cependant Flor de Caña a pu conclure que la maladie pouvait être en partie enrayée par une meilleure hydratation des employés, et un suivi médical régulier. De fait, la société a pris très vite la décision de mettre en place des normes de travail de pointe pour assurer la sécurité et la protection de ses collaborateurs. Dans ce processus, Flor de Caña a été nommée comme «entreprise modèle». Elle s’est associé à des organisations telles que La Isla Network et Bonsucro pour créer de nouvelles normes de travail mondiales pour l’industrie.
Pour revenir à votre question originelle, à la suite de leur premier article, Rumporter a publié un dossier complémentaire de démenti et a pu constater sur place la mise en place de moyens médicaux importants et de suivi des employés (NLDR : il ne s’agit pas d’un démenti, mais bien de la suite du dossier, avec l’actualisation de la situation).

Vous accordez beaucoup d’importance à l’environnement et au social, pourquoi est-ce important pour Flor de Caña ?

Le développement durable est au cœur de la famille fondatrice depuis la première génération. Mais, au-delà de cette approche environnementale, elle a su aussi mettre l’accent sur le bien-être des employés, et de leurs communautés.
Depuis 1913, la société a mis en place une éducation gratuite aux enfants de ses employés dans une école créée sur les terres de Flor de Caña. Et depuis 1958, la société a construit son propre hôpital et propose des services médicaux gratuits aux employés et à leurs familles. Flor de Caña est également le premier donateur d’APROQUEN, une organisation à but non lucratif qui fourni des soins gratuits à des enfants. L’entreprise soutient par ailleurs la Fondation nicaraguayenne américaine depuis plus de 15 ans.

En ce qui concerne l’écoresponsabilité, nos rhums sont distillés avec de l’énergie 100 % renouvelable depuis plus d’une décennie.

La marque est fière également d’avoir contribué à la plantation de 50 000 arbres par an depuis 2005. Elle a l’objectif d’atteindre 1 million d’arbres à l’horizon de 2025 grâce notamment à un partenariat signé avec One Tree planted.
Flor de Caña est à date le seul spiritueux au monde certifié neutre en carbone et commerce équitable. Notre certification Carbon Neutral garantit aux consommateurs que la marque compense toutes les émissions de carbone pendant tout le cycle de vie de ses produits. La certification Fair Trade, quant à elle, garantit que le rhum est produit de manière durable dans le respect de plus de 300 normes de travail, sociales et environnementales rigoureuses, et participe ainsi au financement de projets pour les communautés locales.
Par ailleurs, en 2019 Flor de Caña promeut les cocktails écoresponsables et challenge les bartenders autour du globe avec son Sustainable Cocktail Challenge. Le but est de trouver le barman le plus écoresponsable de la planète et de fédérer la communauté des bartenders autour de la problématique du gaspillage.
De plus, et depuis 2021 la marque lance un projet qui a pour but de réduire le gaspillage de l’industrie du bar de 9 tonnes à l’échelle mondiale : le Zero Waste Summer. Cela consiste à encourager les bars à inscrire à leur carte un cocktail avec Flor de Caña 12 ans, qui devra utiliser un produit dans sa totalité en produisant le moins de déchets possible.
Récemment, Flor de Caña a reçu le « Sustainability Award » décernée lors des Green Awards 2020. C’est la reconnaissance du leadership de la marque au sein de l’industrie et de son engagement historique en faveur des pratiques durables.

Quels sont les plans de la marque pour les années à venir ?

Nous avons un lancement très prometteur à venir, c’est le rhum Flor de Caña 130th Anniversary. C’est un rhum premium à 45%, qui a été élaboré en l’honneur du 130e anniversaire de la marque en 2020.
Élaboré par le Maestro Ronero Tomas Cano, « 130th Anniversary » est un blend de rhums sélectionnés. C’est un rhum corsé, avec une couleur cuivrée intense et des notes de chocolat noir, de caramel et de noix grillées. La finale est longue et délicate. Nous recommandons la dégustation « sec » ou sur glace.
Chaque bouteille numérotée individuellement est présentée dans un élégant coffret de couleur parme. Il est orné d’une représentation du volcan San Cristobal, sur les terres duquel le rhum de Flor de Caña est distillé et vieilli.


Eh bien, cette petite mise à jour a été bénéfique, et il faut féliciter la marque pour le travail effectué. Et il faut surtout saluer le travail des lanceurs d’alerte qui ont permis cette avancée !

Commentez cet article