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Après avoir visité les Caraïbes pendant de nombreuses semaines, le voilier Préférence Rhum revient au bercail. Et c’est avec des dégustations importantes, pour les distilleries, que nous y revenons. Les six cuvées qui vont être dégustées sont toutes assez chères, sauf le Triple Millésimes de Trois Rivières. Bien que le prix ne soit pas pris en compte dans la notation, il s’agit quand même d’un élément important, et nous avons hâte de savoir ce que nous proposent ces rhums.

Les distilleries

La Mauny – Trois Rivières

Les rhums La Mauny et Trois Rivières appartiennent à Campari, ont le même maitre de chai et sont distillés au même endroit. Les deux marques sont donc très proches. Nous avons pourtant ici deux produits assez opposés, puisque le Triple Millésimes est considéré comme le produit d’entrée dans l’univers Trois Rivières tandis que le millésime 2005 de La Mauny marque le retour de la marques sur un segment haut de gamme. Segment qu’elle avait un peu délaissé au profit de Trois Rivières. Notons, enfin, qu’il s’agit seulement de la deuxième dégustation en embouteillage officiel sur le blog (après le 2006 cask strength).

HSE

On prend la route vers le centre de l’île et on arrive chez HSE. Parmi nos distilleries préférées, HSE a une gamme d’une grande variété et d’une constance folle. En effet, du VSOP au 2003, il y en aura pour tous les goûts et tous les budgets. En cette fin d’année 2021, c’est pas moins de trois nouveautés qui arrivent, en Martinique pour l’instant : un blanc, récolte 2018, le nouveau single cask 2006 et un magnum de 2014 qui a passé trois ans en fût de 600L de Riesling. Mais ce n’est pas encore le sujet ici, puisqu’on s’intéresse au dernier embouteillage du plus que fameux single cask 2003. Et on aura également le finish Marquis de Terme, finish phare de la gamme « Finitions du monde ».

J.Bally

Enfin, on arrive chez Saint-James, avec deux Bally. Les rhums Bally présentent un paradoxe saisissant puisque la gamme classique est assez quelconque, mais, dans le même temps, les bruts de fût de la maison sont vraiment dans le haut du panier. Nous dégusterons donc le nouveau brut de fût, le millésime 2006, et le batch 2 de la série Art Déco. Un Bally réduit pourra-t-il faire mouche ? Réponse très rapidement.

Nous avons décidé, pour une fois, de classer les rhums dégustés par notation. Mais ils ont été goutés par duo de provenance.

HSE – Marquis de Terme – 2007

Degré : 48%
Intégration de l’alcool : Très bonne
Age : 12 ans
Nombre de cols : 2100
Vieillissement : chêne US – chêne FR et finish 10 mois en fût de Marquis de Terme
Fiche Rum-X  et Wikirum

Le nez s’ouvre sur une belle petite douceur, avec de l’abricot séché, de la cerise et du sucre brûlé. Un deuxième temps est un peu plus « sombre » (tout relatif), avec des épices, du cuir et du tabac arrive. Le tout est assez intéressant, mais il manque un petit quelque chose.
En bouche, le café fait son apparition, avec du boisé. La cerise sentie au nez devient légèrement aigre, les épices sont douces (réglisse). Sur le papier, on est exactement dans les goûts que nous apprécions, mais, si l’ensemble est agréable, il nous manque toujours quelque chose.
La finale est relativement longue, sur les épices et le boisé.

Ce finish n’est pas désagréable du tout, avec une petite puissance agréable. Mais il manque de complexité pour plaire complètement aux plus geeks des amateurs de la marque (que nous sommes).
Notre note : 83

Trois Rivières – Triple millésimes – 2001-2005-2011

Degré : 42%
Intégration de l’alcool : Excellente
Age : 10 ans
Vieillissement : chêne ex-bourbon pour le 2011 et chêne ex-cognac pour les 2001 et 2005
Fiche Rum-X  et Wikirum

Le nez s’ouvre sur un nuage d’épices douces (muscade, cannelle et vanille). Cette ouverture, typiquement martiniquaise, évolue ensuite vers un côté torréfié très gourmand (café sucré et chocolat au lait) et un boisé également gourmand. L’ensemble est relativement puissant et agréable.
En bouche, on est exactement sur le même profil, avec de la douceur à l’entame apportée par des épices, dont la vanille, et une petite sucrosité . On retrouve ensuite le boisé et le café léger qu’on avait senti au nez.
Le boisé gourmand, véritable fil conducteur de la dégustation, reste présent dans la finale.

Un rhum bien fait, sympathique et accessible. Le boisé est présent, mais en finesse. Un excellent rhum d’entrée dans le monde des agricoles. Nous n’avons pas évoqué le prix, mais à 65€ pour un rhum de minimum 10 ans, on est sur une excellente affaire.
Notre note : 82

Un très bon rapport qualité/prix

 

La Mauny – 2005

Degré : 42%
Intégration de l’alcool : Bonne
Age : 15 ans
Nombre de cols : 2005
Vieillissement : fûts de chêne français, 75% ex-cognac et 25% fûts neufs.
Fiche Rum-X

L’ouverture de ce 2005 de La Mauny rejoint le Triple Millésimes : les épices douces arrivent en force. Le tabac, assez marqué, arrive et est accompagné de petites notes de fruits tropicaux en arrière-plan. L’évolution et la complexité sont intéressantes. En fin de nez, une note de sève passe furtivement, avec une autre de noix (voir noix de cajou).
Les épices douces sont également présentes à l’entame en bouche. On retrouve, encore une fois, le même déroulé qu’au nez : les fruits tropicaux sont là, ainsi que la noix, et une agréable petite astringence sur le bois.
On reste dans l’univers de la douceur, avec un joli boisé-vanillé en final.

Un beau rhum avec un nez très évolutif qui pourra en ravir beaucoup. On remarquera, comme pour le Trois Rivières, que les notes de la bouche colle parfaitement à celles du nez. Ce 2005 réduit viendra très bien compléter ceux de Chantal Comte et de la Confrérie du rhum. Le packaging est beau, et le rhum bien fait.
Notre note : 86

HSE 2003 – embouteillage juin 2021

Degré : 47,8%
Intégration de l’alcool : Excellente
Age : 17 ans
Nombre de cols : 1100
Fiche Rum-X

Au nez, l’ouverture est très élégante, avec une petite note de café, bien agréable. Ensuite, le tabac, la cannelle et le cacao s’invitent. L’ensemble est fondu, très élégant et très bien fait. On sent les années en fût, sans que le bois ne soit très présent.
Pour la bouche, l’univers est exactement le même. La réduction est extrêmement bien faite, le boisé fait son apparition pour une attaque réussie où la texture est très agréable. Le chocolat est un peu plus noir qu’au nez, le café toujours présent, et les épices sont douces (cannelle et vanille).
La finale est assez longue, avec un boisé épicé apprécié.

Eh bien, pour ce qui est probablement le dernier 2003 de la série « non-collector » (car on peut supposer qu’une édition spéciale sortira d’ici quelques semaines), on est sur un très beau rhum. On est sur ce que l’AOC Martinique fait très bien, sans que les notes soient trop puissantes. On aurait aimé goûter un 2003 autour des 52%, mais cet embouteillage finit superbement la série.
Notre note : 90

Un très beau rhum

J.Bally – Cuvée Art déco batch 2

Degré : 43,5%
Intégration de l’alcool : Excellente
Age : 13 ans – triple millésime 1999, 2006 et 2007
Nombre de cols : 1600
Fiche Rum-X et Wikirum

Au nez, la datte fait son apparition très rapidement et s’accompagne de vanille et de muscade. Un deuxième temps plus boisé arrive, de manière très élégante, avec une note marquée de tabac. Enfin, et c’est très original, la fin du nez est marquée par l’orange, en zeste et même en marmelade. Un nez très bien fichu, et original.
L’attaque en bouche est ronde, avec du tabac, cette marmelade d’orange qui reste avec nous, et du cuir (pas facile à détecter car assez furtive). En fin de bouche, un nuage d’épices arrive en force avec de la muscade, de la vanille et de l’anis. L’ensemble est très cohérent, et parfaitement dosé.
La finale n’est pas très longue, mais très agréable, sur le boisé et le réglisse.

Un très beau rhum de fin d’année, charmant et réconfortant. La réduction, et le travail de blend, sont vraiment bien faits. Ce deuxième batch est une belle réussite, l’apport du 1999 est indéniable !
Notre note : 90

Un très beau rhum

J.Bally – millésime 2006 – brut de fût

Degré : 57,5%
Intégration de l’alcool : Parfaite
Age : 15 ans
Nombre de cols : 798
Fiche Rum-X et Wikirum

Le nez est vraiment intéressant, et on retrouve des notes déjà aperçues dans les lignes précédentes : un agréable café et un boisé parfaitement dosé. Cela évolue ensuite vers des épices et une très belle note d’amande. Aucune sensation d’alcool dans ce nez, malgré les 57,5%.
En bouche, il faut le dire, c’est vraiment du grand art. L’ensemble est concentré, délicieux et très justement puissant. Les arômes du nez se retrouvent en bouche, avec des épices, le boisé J.Bally (qu’on peut considérer comme le boisé le plus puissant et gourmand de Martinique). La torréfaction arrive ensuite, avec un café bien noir et un chocolat bien noir également. En arrière-plan, les gourmandises évoquées juste avant sont accompagnées de pruneaux. Ce brut de fût, qui n’est peut-être pas dans les goûts de Marc Sassier, est par contre totalement dans les nôtres.
La finale est très longue, sur un petit café au lait sucré.

Eh bien, si le 2000 n’était pas au niveau des 1998 et 1999, ce 2006 vient brillamment prendre la suite de ses glorieux ainés. Il est moins exubérant, plus cadré, ce qui lui permettra de parfaitement lancer une future dégustation dédiée aux rhums J.Bally. Ce boisé, qu’on ne retrouve nulle part ailleurs dans cette puissance gourmande, est vraiment exceptionnel.
Notre note : 92

Un rhum exceptionnel

Conclusion

Qu’il est bon de goûter ces rhums vieux martiniquais ! Ces dégustations, avec de très belles références, ont vraiment été intéressantes.
Aucun mauvais rhum, trois rhums de très grandes qualités dont un superbe brut de fût ! Il n’en fallait pas moins pour bien finir l’année…

4 Comments

  • Cyril dit :

    Bonjour,
    Merci pour ces découvertes….j’allais dire « dommage, aucun brut de fût » (même si ce n’est pas une fin en soi, mais qd on y a goûté…), et puis voilà le Bally 2006 ! Ouf, c’etait moins une ! 😉

    • Simon dit :

      Bonjour Cyril,
      Bonne année à toi 🙂
      Tu as raison, mais il a fallu essayer de sortir de nos préférences ultimes pour essayer d’aider pas mal de monde.
      Tu as goûté ce 2006 Bally ?

  • DRAKO dit :

    Bonjour,
    Encore une fois jolie note de dégustation et toujours intéressante.
    J’ai une petite préférence avec le Bally 2006 brut de fut , malgré que le Bally art Déco 2 et aussi très bon, mais pour le rapport qualité prix (personnel) j’ai préféré me tourner vers le brut de fut pour l’achat d’une bouteille.
    Pour le HSE j’ai eu l’occasion de le gouter une fois mais je connais malheureusement pas la date de la mise en bouteille. Une idée de quand il sortira ce HSE 2003/ juin 2021 ?
    Et as tu l’occasion de gouter le HSE 2006/ 2021 ?

    • Simon dit :

      Bonjour Drako,

      Merci beaucoup pour ton message !
      En effet, je pense qu’avec une seule bouteille à prendre j’aurais pris le 2006, même si cet Art déco est une vraie belle réussite.
      A priori, le 2003-2021 d’HSE est déjà sorti en métropole, mais je ne sais pas trop où la trouver.
      Pour le 2006-2021, je l’ai goûté au salon Dugas, et c’était pas mal du tout, mais il passait après le 2003-décembre 2020 (qui est vraiment délicieux) donc c’était pas facile pour ce 2006.
      A bientôt 🙂

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