Le Whisky Live
Lors de l’édition 2019, nous avions mis en avant ce qui constituait, pour nous, les deux temps forts du salon, à savoir Neisson avec la présentation de la cuvée Sacha d’une part (ainsi que le 12 et 15 ans sur le stand) et Velier avec la dégustation d’un Monymusk 1984, inédit à ce moment-là, et un stand non VIP de folie (Caroni et Jam).
Pour cette année il nous a été difficile de ressortir un moment fort en particulier. En effet, si nous avons eu quelques coups de cœur (et une belle densité de produits de grandes qualités) aucune maison n’est particulièrement sortie du lot. D’ailleurs, même les masterclass ont été moins intéressantes côté rhum.
Neisson, qui fait pourtant partie de nos distilleries favorites, n’est pas venu les bras aussi pleins qu’en 2019 ; on notera tout de même un nouvel XO FP (millésime 2013), disponible au bar VIP -très réussi- mais dont les 65 bouteilles Tatanka en font déjà plus un objet de collection qu’une bouteille à déguster et un profil 62 qui a suscité débats et interrogations. A côté de cela, les classiques de la maison et notamment le très beau 52,5 bio.
Du coté des agricoles, c’est le stand Bally qu’il ne fallait pas manquer, avec deux très belles réussites : un Art Déco (batch 2) bien supérieur au premier et un brut de fût 2006 de toute beauté, dans la lignée du 1998 et 1999. Sur le même stand, Saint James proposait aussi de belles bouteilles, notamment le millésime 1999 et l’Essentiel.
Pour la Guadeloupe, mention à Longueteau, et son équipe, pour le très bel accueil sur son stand ; nous en avons profité pour regoûter les parcellaires (la numéro 4, quel délice) avec très grand plaisir.
Le voisin Karukera proposait quelques nouveautés, qu’il nous faudrait déguster dans des conditions plus propices, car ce millésime 2009 avait de quoi aiguiser notre curiosité par son côté très végétal.
Le stand Velier était aussi intéressant, en quantité du moins, avec un line-up conséquent et varié. Même si tout n’est pas complétement réussi, à l’image du Saint James pour lequel nous avions beaucoup d’espoir. Côté prix, c’est à souligner, plusieurs références disponibles autour de 100 euros, voire moins, comme les Papalin, les Beenleigh ou le Mhoba, et c’est assez rare pour le signaler. Néanmoins, nous n’avons pas eu de réel coup de cœur sur le stand (petite mention pour le Mount Gay qui était intéressant).
Vient ensuite une des questions récurrentes du salon : faut-il absolument avoir un pass VIP pour profiter du week-end ? Nous avons passé une première journée sans celui-ci et une seconde avec le précieux sésame. Force est de constater qu’il y a très largement de quoi faire en qualité et en quantité dans la partie standard du salon. Nous avons déjà évoqué le stand Velier, ou nos coups de cœur chez Bally, mais une multitude de rhums de grandes qualités sont proposés. Même s’il faut parfois demander les bouteilles sous le comptoir, comme le magnifique Sainte Lucie 2010 de Plantation ou les nouveaux Libération de Capovilla. Et encore, on ne parle pas d’Hampden, de La Mauny-Trois Rivières, de Foursquare, de Mhoba, de Renegade ou même des embouteilleurs indépendants comme Mezan, tous venus les bras chargés. Si on compile toutes les marques distribuées par LMDW, il y a de quoi passer une très belle journée sur le salon, sans aucun doute… une fois passée la frustration d’imaginer les réjouissances du carré VIP ! Cependant une seconde journée pleine, uniquement sur le rhum, et sans le bar VIP, aurait effectivement pu paraître un peu longue. Pourtant, sur le comptoir du bar de l’étage, tout n’est pas excellent non plus, a commencer par les nouveaux « Employees » Caroni dont seul le bleu nous a plu. Velier, décidément incontournable, avait plus de la moitié des nouveautés présentes au bar VIP, avec deux très beaux single casks chez Long Pond, un Mhoba et deux Isautier (oui oui Isautier, sans ananas ni vanille infusée) : un agricole plutôt sympa et un mélasse moins convaincant. Pour compléter le tableau, nous avons apprécié le Unshared cask de Savanna (absent du salon pour cause de changement de distributeur) mais moins le Trinidad embouteillé pour LMDW, qui nous a moins fait rêver que la version Excellence Rhum.
De quoi passer une nouvelle belle journée complète de dégustations ? Pas forcément, car si le bar VIP offre de bons moments, pour les amateurs de rhum, il est loin de se suffire à lui-même.
Nous conclurons en nous demandant si l’autre grand intérêt du Whisky Live n’était pas à chercher du côté du salon lui-même ? En effet, les salons valent aussi pour les échanges avec les professionnels et, après 18 mois de dégustations en visio et d’échanges virtuels, il flottait comme un air de normalité du côté de la Grande Halle de la Villette, et c’est peut-être ça qu’il faut retenir du week-end. Le plaisir de voir des visages connus ou inconnus, d’échanger avec des professionnels particulièrement disponibles : il régnait une énergie positive et une belle ambiance. Finalement, les échanges entre passionnés auront occupé une partie de notre week-end !
Au niveau de l’organisation, rien à dire, le Whisky Live reste ce qu’il y a de mieux dans le domaine. La qualité des stands, la zone de street-food, sans oublier la très festive cocktail Street pour l’après-salon, tout est en place pour nous faire passer un bon moment.
Vous l’aurez compris, mission accomplie pour le Whisky Live, avec une organisation parfaite (quoi, nous n’avons pas parlé du pain et du comté ?) et une sélection de spiritueux très dense en qualité… même s’il nous aura manqué LA bouteille qui nous met une claque.
Du côté des autres salons, Dugas et Liquid Passion
Aucun des deux autres salons n’a pour ambition d’être aussi complet que le Whisky Live : le salon Dugas propose le vaste catalogue du distributeur, mais qui n’est pas aussi imposant que celui de LMDW, et la Rhum avenue rejoignait le sympathique événement France Quintessence pour former Liquid Passion.
Du côté de Dugas, le lieu était vraiment top, puisque que le salon avait lieu au Carreau du Temple, une grande halle en plein Paris. Pour nous qui sommes amateurs de rhum, le plateau était bien fourni, avec la présence surprise d’HSE, qui change pourtant de distributeur, et qui était venue, comme toujours, les mains pleines : 2003 (embouteillage décembre 2020, un délice), Marquis de Terme, XO etc… C’est toujours un immense plaisir d’échanger avec Cyril, Sam et les autres ! Le stand A1710, qui a rejoint Dugas il y a peu, était vraiment la star du week-end, puisque la foule n’a pas cessé de se presser autour des nouveautés de la maison : une nouvelle canne pour la Perle Rare (la Roseau (B59-92)) et le nouveau batch du Cheval Bondieu. Nous avons pu saluer Simon-Pierre Carré, de la Martiniquaise, qui était au stand St James (et Père Labat aussi, avec le nouveau bio et le parcellaire, intéressants tous les deux) et Benoit Bail qui s’occupait du stand Depaz. La nouvelle marque Baie du Trésor méritera qu’on y revienne, car les rhums ne nous ont pas semblé à notre goût lors de notre passage, mais les avis mitigés sur les salons sont toujours à prendre avec des pincettes.
On décolle pour Madère, avec O’Reizinho, qui propose des rhum vieux costauds, assez soufrés malheureusement, mais bien faits par ailleurs. La Maison du Rhum, la gamme Dugas, nous a gratifié d’un Trinidad vraiment bien sélectionné, qui fera le bonheur des amateurs avec son PVC de 67€. Le stand Chairman’s était également bien fourni, et l’édition anniversaire Dugas sortait du lot, un rhum accessible et complexe, parfait pour monter en gamme sans se ruiner. Nous n’avons pas eu le temps de faire les autres alcools, mais il y en avait pour tous les goûts. Dugas, le salon parfait pour passer une très bonne après-midi !
Pour la Rhum Avenue, intégrée à Liquid Passion, on a pu retrouver certains des stands présents au salon Dugas, comme HSE-A1710-Angostura et d’autres. La présence de Savanna était une excellente nouvelle, surtout que la marque proposait ses nouveautés, le Must, le 5 ans, la Forêt et la Vague : il faudra également y revenir car aucun de ces rhums ne nous a séduits sur le moment. Nous sommes également passer saluer nos amis de chez Saint-Aubin, une distillerie qui va faire parler d’elle dans les mois à venir ! Nous avons pu goûter deux fûts frères (même type de fût, même rhum mis dedans avec le même vieillissement) qui étaient très différents, ce qui prouve que les rhums changent même quand ils passent leurs vies juste à côté. La Favorite (présente aussi à Dugas), proposait ses nouveautés dans ses nouvelles bouteilles : la foule était nombreuse pour les goûter. Nous avons eu droit, par ailleurs, à une très belle dégustation chez Grosperrin, l’embouteilleur star des Cognac actuellement. Pour le whisky, le domaine des Hautes-Glaces propose une gamme très sérieuse et très bien faite, Twelve avait un stand rhum (des blends toujours bien faits) et un stand whisky avec un très bon tourbé. Enfin, nous avons pu profiter de notre passage au salon pour revenir avec grand plaisir sur les pastis de Ferroni, qui sont vraiment extraordinaires. Même chose que pour Dugas, une après-midi sera parfaite pour découvrir d’autres alcools que le rhum et pouvoir échanger avec les créateurs.
Conclusion
Quel marathon ! Ces trois week-ends à la suite nous ont permis de revoir un grand nombre d’amis, de goûter plein de belles choses et de passer de très bons moments.
Néanmoins, il pourrait être bien, l’an prochain, d’espacer un peu ces événements, pour qu’on puisse revenir avec plus de plaisir lors du troisième salon, même si nous n’avons pas boudé notre plaisir de pouvoir revivre ces moments privilégiés. On se rend compte tout de même que ces salons sont très complémentaires.
Un grand bravo aux organisateurs, aux exposants et aux collègues dégustateurs.
Pour finir, voici nos coups de cœur rhum (sans aucun ordre) :
- Bally 2006
- Bally art déco batch 2
- HSE 2003 embouteillage décembre 2020
- Long Pond 2005
- Long Pond 2010
- Savanna Unshared cask pour LMDW
- Trinidad la Maison du Rhum
- Chairman’s édition anniversaire Dugas
- Sainte Lucie 2010 de Plantation
Résumé du Whisky Live par Pierre, et des autres salons par Simon