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Autant l’avouer, la sortie de la canne jaune de père Labat nous avait un peu échappé, même si nous l’avions rapidement goûtée au Rhumfest. Nous le répétons souvent, il faut se méfier des dégustations de salon qui ne laissent parfois pas le temps à un rhum de révéler tout son potentiel. Les raisons peuvent être nombreuses : trop de dégustations avant, une mauvaise aération, une bouteille encore complètement chamboulée par le trajet ou un mauvais line-up (cf notre dégustation Bally 2004-Ephémère 6)
Toujours est-il que les propos élogieux de certains membres de la communauté (à la suite du salon), à propos de cette fameuse canne jaune, ont attisé notre curiosité. Cette canne jaune a souvent été décrite comme l’un des coups de cœur du salon. Il a donc fallu y remédier : une canne jaune a rejoint les 52% et 60% bio de Père Labat dans le bar.

La canne jaune

La bouteille nous en dit un peu plus sur cette fameuse canne. Il s’agirait d’une variété ancienne qui n’est quasiment plus utilisée. Elle est décrite comme extrêmement fibreuse, ce qui rend le broyage difficile. Enfin, elle fournirait peu de jus. Père Labat décide, avec cette variété, de miser sur la qualité en estimant que si l’on ne récolte que très peu de jus à l’issue du broyage celui-ci présentera une concentration plus élevée en sucre et donc des parfums qui ne demanderont qu’à être sublimés. On se contentera donc de l’histoire qui est assez jolie (il faut le dire). On ne demande d’ailleurs qu’à y croire !
Comme souvent pour une dégustation de blanc nous allons tenter une semi-aveugle histoire de ne pas laisser nos préjugés nous induire en erreur et parce que les contrastes seront révélés par la comparaison.

Les bios

Les cannes bio ont été produites sur certaines parcelles chez Père Labat, dans le respect des normes biologiques, sans engrais non naturel et sans pesticide. Afin de sublimer cette canne, la fermentation a été poussée à cinq jours au lieu des trois jours habituels chez Père Labat pour permettre au vesou de développer tous ces arômes. Cette fermentation longue a pour but de magnifier la canne bio de la parcelle. Nous ne pouvons que saluer l’initiative de Père Labat de se lancer dans le bio.
Une première version a été réduite à 52% et une seconde a été réduite à 60%.

La dégustation

Nez :
52%: Citron jaune mûr, une touche d’abricot, lemon curd pour le coté sucré. Un peu capiteux et floral, géranium ? Très belle intégration de l’alcool ! Le nez est très prometteur et ne manque pas de peps !
Canne Jaune : Plus discret, moins vif mais plus complexe et gourmand, citron vert, miel, fruits blancs, notes de poire, pomme, fraise… et fruits gorgés d’eau. Alcool superbement intégré ! Un nez assez gourmand et pour l’instant un peu fermé mais qui promet une palette très vaste.
60% : Le seul dans lequel nous avons senti la présence d’alcool indiquant une intégration un peu moins réussie. On sent la canne, bien sûr, puis une note d’agrume proche du citron vert. Un côté un peu plus piquant nous annonce une bouche un peu acide.

Bouche :
52% : Très belle viscosité qui le rend agréable en bouche, on retrouve ce citron jaune bien mûr, une belle sucrosité. La canne se fait végétale et tend magnifiquement cette bouche à mesure que l’acidité du citron reprend sur le coté gourmand. Texture très agréable.
Canne Jaune : La gourmandise reste discrète derrière un coté plus végétal. Citronnelle pour un coté plus piquant et épicé.
60% : Plus classique avec une présence d’alcool plus marquée, les agrumes révèlent surtout leur acidité avec un citron vert très présent. Moins de sucre et un rhum plus minéral et droit que le précédent. On est dans la canne de Marie-Galante mais aussi dans sa terre avec cette bouche.

Finale :
52% : on poursuit notre passage de la gourmandise la plus pure au végétal avec une finale toute en tension qui vient emporter les dernières notes de citron. Le coté gourmand s’estompe, au profit d’une canne plus végétale, belle évolution de la finale.
Canne Jaune : Belle acidité qui s’estompe rapidement… Finale jugée un peu courte de prime abord avant que la dernière goutte du dernier verre nous laisse une note de menthe assez folle.
60% : Très belle longueur en bouche, on retrouve les notes d’acidité présentes à la bouche et cette présence du terroir Marie-Galantais et sa canne si particulière.

Conclusion

La canne jaune nous a semblé un peu en retrait par rapport au 52% bio. Mais au niveau de la version à 60%. Le nez de la canne jaune nous semble une excellente promesse qui ne s’est pas confirmée lors du passage en bouche et à la finale. Le 52% bio confirme l’excellente impression qu’il nous avait laissé à l’ouverture il y a un an, et le 60% reste solide également.
Les notes : Pour le 52% bio : 91, sur l’échelle des blancs (n’allez pas comparer ça à un bdf 12 ans !).
Nous mettrons un honorable 87 à cette prometteuse canne jaune. Et la même note pour le 60% bio.

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