Skip to main content

La dégustation du jour portera sur un classique, le Bally 1999, et deux nouveautés : le nouveau brut de fût de Bally, le 2004 et l’Éphémère n°6.
Nos lecteurs de la première heure se souviennent peut-être d’une note du 1999, mais ce dernier n’avait pas été noté. Il est temps de voir si ce monstre peut atteindre des sommets de la notation, ou pas. En même temps que cette licorne, nous aurons la chance de pouvoir déguster le nouveau brut de fût de la maison, le 2004, et le dernier Éphémère de Saint-James (dernier en date, car le n°5 sortira à la fin de l’été). Pour rappel, la série des Éphémères est la série haut de gamme de Saint-James, avec quatre embouteillages millésimés reproduisant la date de création de la distillerie : le N°1 est un millésime 2001 et ainsi de suite pour la 7, la 6 et la 5. Le millésime 2001 avait été un véritable succès, et avait parfaitement lancé la série. Le n°7 était réussi également. Mais ce n°6 a reçu un accueil plus mitigé au Rhumfest de cette année, puisque les retours n’ont pas été aussi dithyrambiques.

Un tout petit point de contexte

Le Bally 2004 et le Saint-James ont été goutés au Rhumfest de cette année, et (je vais assumer en employant le « je », pour une fois) je n’avais pas forcément été conquis par les deux. J’ai donc décidé, pour cette dégustation, de faire cette dégustation en semi-aveugle : je connaissais les rhums, mais je ne savais pas dans quels verres. Je partais, en toute objectivité, avec une préférence pour le Bally, qui m’avait semblé plus réussi que l’Éphémère au salon. Nous ne saurons jamais si le résultat, à découvrir dans quelques lignes, aurait été différent en sachant ce qui était dans le verre, mais il est bon de se challenger.
Ces trois rhums ont été évalués en parallèle, sans tenir compte des degrés, fort proches d’ailleurs.

J.Bally – brut de fût 2004

Degré : 53,7 %
Intégration de l’alcool : Très bonne
Distillation : Colonne
Nombre de cols : 2500
Millésime : 2004– 17 ans
Vieillissement : tropical – chêne français
Particularité : brut de fût
Fiche Rum-X

Le nez s’ouvre sur une note presque végétale, assez marquée, qui pourrait faire penser à de la sève. Ensuite, on a un petit peu de bois, quelques fruits (coing peut-être) et encore une note végétale, plus proche de l’eucalyptus ici. Ce nez est marqué par une petite amertume légèrement gênante. On notera toutefois que l’alcool n’a pas été dérangeant du tout.
En bouche, on tombe sur une note de boisé (pas astringente), des fruits bien mûrs (tropicaux, ou pas) et une note assez marquée de noix fraîche. Si on repense au Bally 2006 brut de fût, ce boisé est bien moins enveloppant.
La finale est heureusement réussie, avec des épices et un beau boisé.

Grosse surprise ici, avec ce Bally 2004 qui se révèle un peu décevant, surtout vu les attentes élevées que j’ai avec les Bally en brut de fût.
Notre note : 85

Saint James – Éphémère n°6

Degré : 54,4 %
Intégration de l’alcool : Très bonne
Distillation : Colonne
Nombre de cols : 4910
Millésime : 2006– 16 ans
Vieillissement : tropical – chêne américain 200L d’ex-bourbon
Particularité : brut de fût
Fiche Rum-X

C’est un petit café au lait qui ouvre le bal de ce Saint James. On arrive ensuite sur deux des notes typiques de la maison, avec un boisé (viril mais correcte) et de la noix fraîche. Après un peu d’aération, le moment devient très épicé (muscade, vanille et cumin). Enfin, on croirait presque sentir du musc.
La bouche s’ouvre encore sur un temps très gourmand (chocolat au lait), mais la puissance n’est pas loin : les épices arrivent en force. Le boisé aperçu au nez prend la suite, toujours imposant, avec le même café au lait qu’au nez. Le tout est puissant, mais équilibré.
Pour la finale, on reste assez longuement avec de la vanille et un boisé – fumée agréable.

Deuxième grosse surprise ! Ce rhum, qu’on pouvait penser très puissant et donc parfaitement adapté à une dégustation en salon, est finalement beaucoup plus fin qu’on pouvait initialement l’imaginer. Alors oui, ce rhum est boisé, mais cela n’a pas été gênant du tout.
Nota bene : ne jamais prendre pour argent comptant une dégustation en salon. Les surprises sont rares, mais il faut toujours rester humble.
Notre note : 89

J.Bally – brut de fût 1999

Degré : 54,5 %
Intégration de l’alcool : Excellente
Distillation : Colonne
Nombre de cols : 948
Millésime : 1999– 18 ans
Vieillissement : tropical
Particularité : brut de fût
Fiche Rum-X

Même à l’aveugle, ou presque, ce rhum ne passe pas inaperçu du tout. Même accompagné de beaux rhums, ce Bally 1999 sort du lot, et sans avoir même besoin de regarder sa robe.
L’ouverture se fait sur les fruits secs (raisins et abricots), des noix caramélisées et un fût encore fumant. Le deuxième temps est très gourmand, avec de la vanille et un ananas confituré. Après relecture de la note de 2019, il parait évident que les deux notes de la fin sont claires, nettes et précises : café et chocolat.
L’attaque en bouche est douce, avec du café sucré et des épices douces (vanille). La suite reste de très haut niveau, avec un boisé rendu gourmand par les pruneaux. L’ensemble est onctueux, plein et généreux. Quelle dégustation !!
La finale est superbe, sur un chocolat au lait et de l’abricot sec.

Encore une surprise !! Non, ce n’est pas vrai ce coup-ci, car ce Bally 1999 est un agricole tout bonnement incroyablement réussi ; ce qui n’est pas une surprise. Malgré de nombreuses dégustations depuis presque 4 ans, cette bouteille reste proche des sommets du rhum, pour moi.
Notre note : 93

Conclusion

Il m’aurait été presque impossible de penser que le rhum le moins apprécié de ce trio soit le Bally 2004 ! Il faut dire qu’il a été bien accompagné, avec ce nouvel éphémère, et surtout un monument du rhum agricole brut de fût.
Avec un peu de recul, on peut dire que, chez les Bally brut de fût, le 1998 est le plus extravagant, le 2006 le plus boisé et le 1999 le plus gourmand. Un trio comme on en boit (et voit) peu.

Commentez cet article