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La cognac a deux très grandes particularités. La première est que 80% de la production est achetée par les quatre marques principales que sont Henessy, Martelle, Courvoisier et Martin (dont quasiment 50% pour le H de LVMH). Et l’autre est que près de 98% de la production est exportée, principalement vers les Etats-Unis et la Chine. Mais, parmi ces mastodontes, certains plus petits acteurs réussissent à tirer leur épingle du jeu et à proposer des cognacs moins « généralistes ». Nous parlerons principalement de ces plus petits acteurs, en commençant par Grosperrin (très prochainement) et Pasquet (dès maintenant).
Nous avions évoqué, lors de notre dégustation d’armagnacs, les différences dans la production entre les deux spiritueux. Si vous avez la flemme de jouer au jeu des différences, reprenons ici les caractéristiques du cognac :

  • La zone géographique comprend la Charente, la Charente Maritime ainsi que quelques terres dans les Deux-Sèvres et en Dordogne.
  • 98% des raisins utilisés sont des ugni blancs.
  • La double distillation se fait avec un alambic charentais.
  • Dans le cognac, l’assemblage est roi.

Après ces toutes petites considérations d’ordre très général, intéressons-nous maintenant à l’histoire de la marque Jean-Luc Pasquet !

Une histoire familiale

Cette histoire commence en 1970, alors que le père (Jean-Luc) de l’actuel propriétaire (Jean) récupère un domaine de 8 hectares de son oncle. C’est en 2011 que Jean prend officiellement la suite à la tête du domaine de 14 hectares, entre la petite et la grande Champagne. Le raisin est produit en agriculture biologique depuis 1995, c’est à dire sans intrant chimique de synthèse, en privilégiant des matières organiques locales (semis de céréales et féverole en inter rang, compostage des résidus de pressurage avec du fumier de vache de la ferme voisine, utilisation de tisanes d’orties fraichement récoltées sur la propriété, etc..). La gamme Pasquet est assez resserrée, avec les 4-7 et 10 ans, les trois en bio. Mais ce n’est pas la seule série proposée par la marque. En effet, l’âge des spiritueux exerce un fort pouvoir d’attraction, et les gens assimilent souvent le grand âge à la qualité. C’est pour cette raison qu’en 2018, devant la baisse importante des stocks des vieux cognacs, la maison a décidé d’embouteiller des fûts uniques. Mais arrêtons-nous un instant sur une phrase superbement symbolique issue du site Pasquet « Nous avions la possibilité d’acheter des cognac en tant que négociant et essayer tant bien que mal de reproduire le goût de nos cognac« . Cette phrase, pour un amateur de rhum, n’est pas forcément compréhensible de prime abord, car le monde du rhum n’est pas habitué (enfin, officiellement en tout cas) à ce genre de chose : une distillerie achète très rarement des rhums ailleurs pour ses blends. Ce système renvoie à la première phrase de cet article. Les gros du secteur piochent dans les milliers de litres qu’on leur vend pour produire des blends au goût formaté. Cela nous intéresse peu, assez logiquement, et la démarche de Pasquet ou Grosperrin nous parle beaucoup plus.

C’est avec trois embouteillages de la gamme Trésors de Famille (issue des fûts uniques évoqués précédemment) que nous entamons notre périple sur les terres du cognac. Enfin, nous avons, comme toujours, suivi l’ordre du degré alcoolique.

Le cognac de Jean-Luc – lot 90′

Degré : 45,5%
Intégration de l’alcool : Parfaite
Nombre de cols : 120
Millésime : Environ 30 ans
Terroir : Grande champagne
Particularité : single cask. Le Cognac de Jean-Luc est un assemblage des deux derniers futs de Jean Luc Pasquet, le père de Jean et fondateur de la marque éponyme (source)

Nez frais, sur les fruits du verger (poire, pomme), quelques épices douces (cannelle), des fruits secs (raisins et cajou) et du chocolat. C’est agréable mais cela manque juste d’un peu de folie.
La bouche est douce et agréable. On retrouve les épices du nez, les fruits secs mais les fruits deviennent plus tropicaux (mangue). Le boisé est très léger, mais structure bien l’ensemble.
La finale est longue, sur la muscade et un petit boisé très légèrement brûlé.

Un cognac très élégant, mais pas trop, qui pourrait représenter une formidable porte d’entrée vers les cognacs avec de la personnalité. L’équilibre est ici remarquable.
Notre note : 88

Le cognac de Claude – lot 64

Degré : 47,4%
Intégration de l’alcool : Parfaite
Nombre de cols : 377
Millésime : 64 – 58 ans
Terroir : Grande champagne
Particularité : single cask. « Ce Claude lot 64 est le fruit du travail de Marie-Rose et Claude Duluc, courtiers à la retraite sur la commune de Touzac, au cœur de la Grande Champagne. Le courtier en cognac est l’interlocuteur privilégié des viticulteurs et des maisons de négoce : il est le garant de la bonne tenue des transactions. »

Le nez est d’emblée sublime, avec une petite pointe de sève, des note florales et une pâte d’amande presque pas sucrée. Ensuite, l’aération apporte une petite louche de fruits, sur une compote pommes-poires légère. L’évolution reste toujours aussi belle, avec du cuir et un boisé un peu ciré (boisé élégant selon nous).
La bouche s’ouvre sur une note de fruits tropicaux à peine mûrs (ananas, maracuja), des épices (poivre, cumin) et un boisé un peu plus humide qu’au nez. La première bouche est vraiment très agréable, mais la fin devient légèrement acide.
La finale n’est, hélas, pas aussi agréable que le reste avec une acidité pas forcément agréable sur le boisé.

Une superbe dégustation… mais hélas pas jusqu’au bout ! Il a manqué une finale de folie pour venir tutoyer les sommets. On ne pourra tout de même pas passer à côté de ce très beau cognac, avec un nez et un début de bouche franchement très réussi. Cette dégustation nous a rappelé celle du HSE 1998, rhum mythique qui a finalement eu la même note.
Notre note : 88

Le cognac de Jean-Pierre – lot 75

Degré : 49,8%
Intégration de l’alcool : Parfaite
Nombre de cols : 120
Millésime : 1975 – au moins 45 ans
Terroir : Grande champagne
Particularité : single cask

Dans un premier temps, on a un nez sage, avec des fruits frais (poire, raisins) et secs (abricots ou figues et raisins). Après un peu de temps, le rancio arrive (épices, café et très léger boisé). Enfin, une agréable note de musc fait son apparition. Ce nez pourrait rappeler celui du Bielle 2001 fût 4, et c’est un compliment. Il faut vraiment le laisser s’aérer pour profiter de ce nez.
La bouche est un peu plus vive, avec un duo bois-épices que ne renierait pas un très bel agricole. Les fruits sont toujours secs (raisins et abricots) et l’ensemble est franchement cohérent.
Finale très réussie, sur les épices (stars de cette dégustation) et le café.

Très beau cognac, avec un degré parfaitement adapté. Aucune fausse note ici, et beaucoup de plaisir tout le long.
Notre note : 90

Conclusion

Eh bien, pour une première dégustation de cognac sur le site, on ouvre fort joliment le bal. L’univers des spiritueux est absolument fabuleux !!

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